Imaginez : c’est le soir à New York, en 1948. L’automne s’est installé sur la ville, c’est bientôt Halloween, les feuilles jonchent le sol et des citrouilles grimaçantes accueillent le visiteur sur les perrons. Jocelyn, jeune Français tout juste débarqué, s’installe à la Pension Giboulée, une joyeuse maisonnée où réside une bande de filles toutes plus exubérantes les unes que les autres, sous l’égide de Mrs Merle, la propriétaire, et de sa sœur peu commode, Miss Artemisia. Venu étudier la musique, Jocelyn va en réalité apprendre bien davantage et faire l’apprentissage de la vie à l’américaine, de la vie loin de chez lui.
Le jeune garçon fait en particulier l’expérience de la vie new-yorkaise : pour ce jeune Français, tout a le goût de l’inédit, de la purée en flocons à la fête d’Halloween en passant par les corn-flakes ou la pizza, sans compter la cohabitation avec ses incroyables nouvelles colocataires hautes en couleur. Il y a Chic, ambitieuse et séduisante, Manhattan, à la recherche de ses origines, Hadley, qui cache un douloureux secret, Page, belle et amoureuse… Virevoltantes, dynamiques, la tête pleine d’espoirs et de rêves, ces jeunes filles sont un vrai plaisir à suivre. A leurs côtés, le lecteur découvre le monde des castings et des auditions et les bars enfumés à la mode. Brodway Limited, c’est du mouvement en permanence : le roman choral s’y prête, il est vrai, mais c’était sans compter la patte inimitable de Malika Ferdjoukh dont le style séduit encore et toujours…
Sous sa plume, c’est toute une époque révolue qui revit, l’American Dream et son revers : l’optimisme de l’après-guerre, mais également les prémices de la chasse aux sorcières communiste. Le Manhattan de 1948, vibrant, dynamique, chargé d’espoir se révèle étonnamment réaliste entre les pages. C’est un beau voyage qui nous est proposé, grâce à un récit solidement ancré dans le réel, et émaillé de nombreuses références au cinéma et à la musique de l’époque. Chaque titre de chapitre est ainsi issu d’une chanson. On croise entre les pages Grace Kelly ou un Woody Allen adolescent. Si le jeune lecteur ne comprendra pas forcément tout ce jeu de références, comme le dit elle-même Malika Ferdjoukh, c’est la cerise qui n’empêche pas de goûter le gâteau. Et quel gâteau ! Ce roman, effectivement, on le déguste. On le savoure d’autant plus après avoir entendu Malika Ferdjoukh en parler avec chaleur, avec passion à l’occasion du lancement du livre. Au fil des pages, on s’enthousiasme, on s’inquiète, on sourit, on a parfois envie de pleurer, de danser. On passe par mille et unes émotions. Certaines scènes pourraient nous tirer des larmes. C’est la magie de la fiction.
Un deuxième tome est prévu, pour notre plus grand bonheur : le lecteur a très envie de savoir ce qui attend Jocelyn, Hadley, Manhattan, Dido, Chic… Et quand on referme Broadway Limited, on aimerait pouvoir sauter dans un taxi et aller voir une pièce à Broadway ou prendre un dernier verre dans un bar à jazz de Manhattan…
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