« Un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! » s’écrit Richard III dans la bataille de l’acte IV de la célèbre pièce éponyme de Shakespeare.
Le dramaturge choisit de raconter l’accession au trône de ce roi ô combien sanguinaire. Aya Kanno, mangaka, choisit de reprendre l’argument de la pièce de Shakespeare, mais elle débute l’histoire bien plus tôt, en commençant avec l’enfance de Richard.
Et on ne peut pas dire que celle-ci ait été vraiment heureuse. Né hermaphrodite, Richard est rejeté par sa mère, qui le prend pour un envoyé du démon, voire une punition divine. Le très jeune Richard d’York n’a donc d’yeux que pour son père, le duc Richard d’York qui, heureusement, lui voue un amour inconditionnel. Le duc est le grand héros de Richard et lorsqu’il se lance dans une guerre sans merci contre les Lancaster, afin de faire valoir ses droits sur le trône d’Angleterre, le jeune Richard – voyant là un moyen d’exister enfin ! – va le soutenir par tous les moyens et faire tout ce qui est en son pouvoir pour que le trône revienne aux York.
Alors, si vous connaissez par coeur la pièce de Shakespeare, vous pouvez reléguer celle-ci dans un coin de votre tête, car Aya Kanno propose une interprétation toute personnelle de l’histoire. D’une part, avec ce personnage étrange, présenté dans les premières pages systématiquement encapuchonné, avec seulement un œil de visible, qui traduit la monstruosité que voit sa mère en lui… et attise la curiosité du lecteur. D’autre part, Aya Kanno introduit une dimension quelque peu fantastique à l’histoire : Richard fils est en liaison avec l’esprit de Jeanne d’Arc, à qui il se confie souvent et sa ferveur parvient à atteindre son père, même au milieu de la mêlée, sur le champ de bataille afin de lui redonner du cœur au ventre.
Et le meilleur, c’est que ce mélange des genres fonctionne à merveille ! Les péripéties sont soignées, et permettent à la fois de développer les personnages qui vont faire le cœur de cette histoire, ainsi que les événements proprement historiques. Si la guerre des deux Roses vous semble quelque peu nébuleuse, ce premier volume, placé sous le signe de la domination – en grande partie – des Lancaster, devrait vous permettre d’y voir un tantinet plus clair.
La fin du volume offre une avancée majeure, dont on pourrait penser qu’il s’agit de la conclusion… avant de nous envoyer un rebondissement de dernière seconde qui clôt le premier tome sur un cliffhanger échevelé ! Évidemment, on meurt d’envie d’en savoir plus, surtout si la suite doit être aussi bonne que cette entrée en matière !
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