Rares sont les bons récits de maison hantée. On pourrait citer La Maison des damnés, inoubliable roman de Matheson, à qui l’on doit le très célèbre Je suis une légende ou encore Shining, qu’on ne présente plus. Et on pourra désormais citer Le Monde caché d’Axton House même si l’on a tout de même quelques réserves.
Cela reste néanmoins un très bon roman, n’allons pas très vite en besogne ! Le Monde caché d’Axton House a ce côté résolument barré que l’on a appris à attribuer à la patte inimitable des éditions Super 8. Notre duo de héros, par exemple, n’a rien de banal. Le héros, désigné uniquement sous l’initiale A., a vingt-trois ans mais est accompagné et protégé par son amie Niamh, une adolescente muette qui arbore d’improbables choix capillaires. Au début du roman, ces deux jeunes gens débarquent en Virginie, dans la bourgade de Point Bless, car A. vient d’hériter d’un luxueux manoir un peu sinistre. Serait-ce un cadeau empoisonné ?
C’est un parent éloigné, une sorte d’érudit un peu farfelu, nommé Ambrose Wells, qui vient de faire ce beau cadeau à A. Mais Ambrose Wells n’est pas mort de manière naturelle : il s’est défesnestré, au même âge que son propre père trente ans auparavant. Troublant.
A. et Niamh vont essayer de percer les nombreux mystères d’Axton House, de son labyrinthe digne de Shining aux étranges phénomènes qui se manifestent la nuit dans une des salles de bain, en passant par ce mystérieux rassemblement qui a lieu à chaque solstice d’hiver…
Il y a un peu du Don du loup dans Le Monde caché d’Axton House : dans ces deux romans, on trouve un manoir impressionnant, au charme suranné, dans lequel une confrérie se réunit de manière régulière au solstice d’hiver. Il n’y a pas de loup-garous cependant dans le roman d’Edgar Cantero, mais l’atmosphère reste évocatrice. Et même sans métamorphes distingués, Le Monde caché d’Axton House flirte allègrement avec le fantastique et le gothique, en mettant en scène un surnaturel intelligent et bien pensé, et résolument original, qui laisse songeur. Cependant, difficile de classer ce roman dans la simple case du fantastique, tant il transcende la notion même de genres littéraires… c’est tout bonnement un OVNI littéraire ! Autrement dit : c’est barré !
Le Monde caché d’Axton House se distingue également par sa forme particulièrement singulière : le lecteur reconstitue l’histoire à travers des compte-rendus d’enregistrements visuels et sonores, des extraits du carnet dont Niamh se sert pour communiquer, des lettres rédigées par A. ou des passages entiers tirés de son journal. C’est novateur et agréable… au début. Rapidement, quelques longueurs s’installent, particulièrement lors des retranscriptions de ce que filment les caméras. On en vient à attendre avec impatience le prochain changement d’angle. Heureusement, quelques traits d’humour viennent fréquemment nous distraire. A titre d’exemple, on peut citer l’adoption par le couple d’un chien, nommé fort à propos « Au Secours ». Il fallait y songer. Le reste du récit est à l’image de ce détail.
On aurait bien voulu pouvoir visiter par nous-même cette étrange et magnifique demeure qu’est Axton House : nous est avis qu’elle dissimule encore bien des secrets !
Le Monde caché d’Axton House, Edgar Cantero. Super 8, 2015. Traduit de l’anglais par Paul Benita.
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