COUP DE CŒUR — Elle s’appelle Calpurnia, a onze ans (mais presque douze !) et vit au Texas. Elle rêve de devenir scientifique. Seulement voilà : nous sommes en 1899 et ses parents ont d’autres projets pour elle…
Issue d’une famille de sept enfants, dont elle est l’unique fille, Calpurnia vit dans la région d’Austin, au Texas. Sa famille a fait fortune grâce à ses champs de pacaniers : la jeune Calpurnia a passé ses premières années à arpenter le domaine familial, pataugeant dans la rivière non loin, courant les champs avec ses frangins. A l’été 1899, la jeune fille a une révélation : éprise de nature et de science, elle veut devenir naturaliste. Son frère aîné lui offre un carnet pour qu’elle y consigne ses découvertes. En parallèle, elle va se rapprocher de son grand-père, lui-même scientifique dans l’âme. A ses côtés, elle va entendre parler de Darwin ou encore de la théorie de la relativité… avant d’être brutalement, très brutalement, rappelée à la réalité. Car nous sommes en 1899 et en tant qu’unique fille, Calpurnia sera bientôt amenée à faire « ses débuts » dans le monde, véritable campagne de séduction dont le but apparaît très clairement : lui trouver un mari riche et influent. Mais Calpurnia n’a pas envie de devenir une épouse et une mère : elle veut être aussi libre que ses frères.
Quel roman touchant que Calpurnia ! Il est difficile au lecteur de 2016 de ne pas être ému par cette petite fille aventureuse et curieuse, qui rêve d’une chose qu’elle ne pourra malheureusement pas obtenir sans se battre avec sa famille. Devenir scientifique en 1899 quand on est une fille ? C’est impensable ! Bientôt cantonnée à la cuisine où elle doit apprendre à devenir un vrai cordon bleu et au salon où elle doit apprendre à coudre et à broder avec délicatesse, la jeune fille rumine. Peut-elle compter sur un soutien dans sa famille ? Même son frère préféré, Harry, semble prendre sa passion pour les sciences pour une marotte d’enfant.
Mais il y a Bon-Papa. La relation de la petite fille et de son grand-père est extrêmement touchante, et magnifiquement rendue. Le vieil homme solitaire, trop vieux pour sacrifier aux conventions sociales, est ravi de trouver en sa petite fille une assistante. Il nourrit sa curiosité de lectures variées, de Darwin à Dickens. Enfin, Calpurnia obtient ce dont elle a tellement besoin : de la considération, du respect, indépendamment de son sexe.
Pauvre Calpurnia ! Elle n’est probablement pas née à la bonne époque. Et pourtant… quelle époque ! Pendant les six mois que dure l’histoire, nous assistons à l’arrivée du téléphone dans la petite ville de Calpurnia (quel événement !), puis à l’exposition d’une des toutes premières automobiles, véhicule qui fera rêver le grand-père de la fillette ! Le nouveau siècle et ses bouleversements se profilent. Tant de choses à découvrir ! Le progrès scientifique est en marche… Mais pour ce qui est du progrès social, et de l’évolution des mentalités… il faudra peut-être attendre les tomes suivants, en espérant que les événements du tome 1 sauront ouvrir les yeux de la mère de Calpurnia, garante des valeurs du XIXe siècle…
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