ROMAN ADO — Stephen Chbosky est réalisateur, producteur et scénariste américain, ce qui lui a permis de co-réaliser The Perks of being a wallflower, l’adaptation de son roman jeunesse Le Monde de Charlie – initialement paru sous le titre Pas raccord. Celui-ci, édité pour la première fois en 1999 (et seulement en 2008 en France !) en est à sa vingtième réédition.
Charlie entre au lycée. Pour se donner du courage, il se met à écrire à un correspondant imaginaire – semble-t-il. Marqué par le suicide récent de son meilleur ami, sensible, très intelligent, il s’intéresse aux gens et s’adapte manifestement mal à son environnement. Les autres élèves le prennent pour un « freak », un type bizarre. Du coup, Charlie reste en marge, lit les livres supplémentaires que lui donne son prof de lettres et fait des dissertations supplémentaires.
Un jour, il rencontre deux terminales, Patrick – dit « rien du tout » – et la jolie Samantha, que tout le monde appelle Sam. Les voilà qui le prennent sous leur aile pour lui faire découvrir la vie, les amis, la musique, le sexe, les fêtes. Et tout s’accélère pour Charlie.
C’est au fil des lettres que l’on découvre la complexe personnalité de Charlie, un jeune homme sensible et parfois un peu naïf, deux traits de caractère qui transparaissent dans ses lettres. Comme il s’adresse sans fards à son mystérieux correspondant, les lettres sont de bons résumés de sa vie lycéenne et adolescente, car tout y passe : les cours, les amis, la famille, ce qu’il voit et surtout ce qu’il ressent, bien que tout ne soit pas toujours très clair dans sa tête …
Et cela se ressent dans son style, parfois très enfantin, mais empreint d’une redoutable compréhension de tout ce qui l’entoure – compréhension qui, parfois, ne s’exprime qu’à demi-mots.
La fréquentation de Patrick, Sam et de leur cercle d’amis, lui permet peu à peu de définir qui il est. De fait, Le Monde de Charlie est un très beau portrait de l’adolescence et englobe un vaste choix de sujets propres à parler aux adolescents (mais aussi aux adultes). L’amitié et l’amour en sont, peu ou prou, les thèmes centraux mais il y est aussi question de la famille et de la fratrie, de sexe, de drogue, d’homosexualité, de littérature, de passage entre les âges. Le tout avec beaucoup d’émotions – Charlie n’hésitant pas à les exprimer, larmes à l’appui, lorsque c’est nécessaire. Difficile, donc, de ne pas sentir sa gorge se serrer sur certaines lettres, lorsque Charlie a des analyses profondes et émouvantes de son entourage et de ce qu’il ressent !
Heureusement, il y a la superbe playlist rock’n roll (Patrick et Sam élargissant les horizons musicaux de Charlie) qui vient mettre un peu de bonne humeur dans les textes mélancoliques.
A la lecture du roman, on comprend pourquoi il en est à vingtième réédition. Stephen Chbosky a trouvé un ton extrêmement bien placé pour évoquer l’adolescence, avec une incroyable justesse. Et à lire les analyses de Charlie, on replonge dans le meilleur de l’époque : on se sent éternels.
Quid de l’adaptation ? Eh bien avec Stephen Chbosky en partie aux manettes, on pouvait s’attendre à quelque chose de très bon. Et ça l’est ! Le film est très fidèle au roman ; si l’on perd le côté très intimiste induit par le ton de Charlie et la profondeur de certaines de ses analyses, l’adaptation est un reflet assez fidèle de la matière première. Challenge réussi !
Il s’agit de mon plus gros coup de coeur.
As-tu vu le film ? Si oui, qu’en as-tu pensé ?