CINEMA — En 2001, à Boston, le nouveau patron du Boston Globe vient perturber la routine dans la salle de rédaction. Il veut relever la rentabilité du journal au risque de devoir faire des coupures. Les journalistes confortablement installés dans leur routine affirment que les abonnés sont satisfaits du contenu actuel et ne voient pas trop l’intérêt de changer la ligne éditoriale. L’équipe du Spotlight est à la recherche d’un scoop pour leur prochain numéro. À la demande du nouveau rédacteur en chef Marty Baron (Liev Schreiber) ils se lancent dans une enquête sur la maltraitance des enfants et les scandales de l’Église catholique qui révéleront une affaire d’une ampleur terrifiante marquée par la dissimulation des preuves par un grand cabinet d’avocat. Rouvrir le dossier des prêtres pédophiles va causer une onde de choc qui va affecter plus que la salle de rédaction !
Spotlight raconte l’histoire vraie des journalistes d’investigation qui ont exposé la maltraitance des enfants répandue dans l’Eglise catholique : ils sont sous les projecteurs dans le premier grand film de l’année, à travers une reconstitution de l’enquête lauréate du prix Pulitzer du Boston Globe dans une affaire d’abus sexuel récurrent par l’Eglise catholique.
Magnifique drame du réalisateur Tom McCarthy, Spotlight est un film que l’on pourrait comparer au film Les Hommes du président d’Alan J. Pakula sur l’enquête du Washington Post sur le scandale du Watergate, qui a entraîné la démission du président Nixon. Dans les deux films, nos journalistes sont obligés de courir après des témoins réticents et essaient tant bien que mal de faire le rapport sur différents crimes passés dont on a voulu étouffé l’affaire. Malgré ce parallèle, Spotlight récompensé lui aussi par un Oscar est plus convaincant car l’histoire ne repose pas sur un scoop qui tombe du ciel et se trouve être très cinématographique car l’accent est mis sur les personnalités des journalistes et sur le travail d’équipe qui a permis de mettre en lumière la vérité.
Le film emprunte son titre à ce que le Globe a appelé son unité d’enquête, une équipe de journalistes d’investigation comptant Mike Rezendes (Mark Ruffalo), Sacha Pfeiffer (Rachel McAdams) et Matt Carroll (Brian d’Arcy James) , une équipe supervisée par l’éditeur Walter « Robby » Robinson (Michael Keaton). Le nouveau rédacteur en chef du journal, Martin Baron (Liev Schreiber), vient tout droit du Miami Herald, où les journalistes étaient habitués à avoir un accès libre aux dossiers judiciaires. Malheureusement, aucune loi similaire n’existe dans le Massachusetts. Mais dès son arrivée au Globe, Baron assigne le personnel de Spotlight pour fouiner dans les dossiers d’un cas impliquant un prêtre accusé d’attouchements répétés sur de jeunes garçons. Les journalistes, qui sont tous de confession catholique voient l’idée de Baron comme une perte de temps, une tentative de relancer les abonnements en révélant un nouveau scandale.
McCarthy ne place pas ses protagonistes au rang de héros. Ils sont talentueux mais restent des gens ordinaires qui font leur travail, et l’une des grandes parties de plaisir de ce film est de voir l’affaire avancer. Le réalisateur ne fait pas appel à beaucoup de fioritures visuelles, et n’en met pas plein la vue inutilement. Le film reste aussi calme et lucide que ses personnages. Le travail est terne et laborieux, mais le film le rend fascinant car on en comprend pleinement les enjeux. La narration est claire et précise et plus les journalistes entrent dans leur enquête, plus leurs découvertes deviennent incroyables.
Spotlight est parsemé de grandes performances. John Slattery joue parfaitement le bras droit du rédacteur en chef du Globe pragmatique à souhait. Les acteurs montrent brillamment l’efficacité qui existe entre les journalistes et les rédacteurs qui ont travaillé ensemble pendant un certain temps. Le film est capable de nous immerger dans la vie privée des journalistes.
Bien que ce soit une œuvre de fiction inspiré de faits réels, Spotlight s’apparente à du journalisme d’investigation, une histoire scrupuleusement documentée qui n’a pas vocation à épater la galerie. Le film est parsemé d’innombrables petits passages qui remettent l’histoire plus largement dans le contexte avec la réaction des journalistes au 11 septembre, ce qui a forcé temporairement l’équipe à abandonner leur enquête, ou la réalisation que Carroll, l’un des prêtres soupçonnés d’abus vit dans son quartier, à deux pâtés de maison. Spotlight est tout simplement une grande histoire très bien racontée, à travers des personnages charismatiques.
Électrisante, passionnant, voici un drame qui engage à la fois la tête et le cœur avec histoire de David contre Goliath.
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