BD JEUNESSE — Après des études scientifiques, Richard Marazano est devenu auteur de bande-dessinée. Il compte aujourd’hui une quinzaine de séries et quelques one-shots. 2016 le voit revenir en librairie avec le début d’une nouvelle série jeunesse, dessinée par Xu Yao, éditée chez Rue de Sèvres et qui nous emmène en Chine.
Shanghai, 1937. L’armée impériale japonaise a fait main basse sur une large partie de la côte chinoise. Yin, petite fille d’une dizaine d’année, est élevée par son grand-père pêcheur, Liu. La petite famille tire le diable par la queue : la pêche n’est guère miraculeuse et Yin se fait souvent racketter par les jeunes loubards sur le marché. De plus, les soldats japonais terrorisent la population. Un soir, alors que Liu sort en mer, Yin se faufile discrètement sur le bateau, malgré l’ordre formel de rester à terre. Soudain une bête puissante se débat dans ses filets : un dragon d’or, blessé, que Yin – forcée de se montrer – convainc son grand-père de cacher et de soigner. Une décision qui les emmènera bien plus loin qu’ils ne le pensaient… Heureusement, Yin a plus d’un tour dans son sac.
Richard Marazano met en scène une jeune héroïne irrésistible : Yin n’a beau avoir que 10 ans, elle fait preuve de courage, d’obstination face à l’adversité et d’un beau sens de la débrouillardise. Ce premier volume s’axe sur la mise en place du décor, de l’ambiance et des personnages : on y suit la façon dont Yin et, a fortiori, Liu, apprivoisent tant le dragon que la présence des Japonais sur l’île. La bande-dessinée mêle donc habilement intrigue fantastique et Histoire chinoise : si la partie proprement mythologique est importante, le contexte historique l’est tout autant.
Les personnages sont, chacun à leur façon, très attachants : il est difficile de ne pas craquer pour l’énergie de la petite Yin, les inquiétudes de Liu nous le rendent très proche et l’on se demande même ce qui se cache dans le passé du capitaine de l’armée – un personnage que l’on espère voir développé à l’avenir.
Le rythme est plutôt calme et posé mais le suspens règne tout du long : Liu, Yin et le dragon vont-ils parvenir à s’entendre et à cohabiter ? Que manigancent les Japonais ? Cette tension est maintenue jusqu’à la fin, le dragon d’or finissant par faire une révélation d’importance à ses hôtes… qui relance instantanément le suspens, tout en introduisant encore un peu plus de fantastique ! Voilà qui promet d’intéressants développements pour les deux tomes à venir.
L’aventure est servie par les sublimes graphismes de Xu Yao : son trait est rond, plein de douceur et les couleurs sombres, simplement relevées par les ocres du dragon, mettent amplement en valeur ses illustrations.
Le duo nous offre donc une belle introduction à une histoire mêlant mythologie chinoise et guerre sino-japonaise. L’album est dynamique, prenant, très soigné et on attend impatiemment la suite !
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