ROMAN ADO — Il n’est pas forcément nécessaire d’écrire un pavé pour susciter l’émotion, pour donner voix aux adolescents de manière touchante : la collection Eco, proposée par les éditions Talents Hauts, le prouve avec Je sais que tu sais, un texte coup de poing sur le deuil.
Axelle est adolescente : il y a quelques années, elle a perdu son frère. Criblé de balles. Assassiné. Un mot terrible, dont on ne se remet jamais totalement. Gilles Abier explore à ses côtés les mécanismes du deuil et la possibilité, peut-être un jour, du pardon. Axelle nous conte les rebellions qui l’animent, ses tentatives pour aller mieux, l’absence, au quotidien, de son grand frère. Par ses yeux, nous assistons à l’éclatement de sa famille, ravagée par une douleur qui les fait réagir chacun différemment : Je sais que tu sais aurait presque pu s’appeler Anatomie d’un deuil…
C’est un texte puissant et diablement efficace, qui, en quelques pages, nous donne à observer le cheminement d’une jeune fille finalement très seule, seule face à un deuil trop lourd à porter, et à la haine qu’elle porte au meurtrier, un des amis de son frère. Les sentiments sont admirablement bien décrits, et on vit la peine d’Axelle, comme si c’était la nôtre. Au fil du récit, il est difficile de ne pas se mettre à sa place, de ne pas se demander ce que nous ferions, nous, si nous avions la possibilité de confronter l’assassin d’un proche, pour comprendre, pour pouvoir, enfin, surmonter l’innommable. Seul petit bémol cependant : la fin arrive trop soudainement, se fait abrupte et nous laisse sur notre faim : on aurait bien voulu savoir ce qui advient ensuite, quelle direction prendra Axelle. Libre au lecteur, finalement, d’imaginer la suite de l’histoire.
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