BIOPIC — Incroyable personnage que Florence Foster Jenkins ! Véritable mécène de la scène musicale new-yorkaise, profondément mélomane mais chantant terriblement faux, Florence Foster Jenkins n’a rien d’un personnage de fiction : elle a véritablement existé et c’est le deuxième film en très peu de temps qu’elle inspire, après le Marguerite de Xavier Giannoli. Le monde de la musique américaine semble conserver un souvenir attendri de cette femme persuadée d’être une cantatrice de haut niveau, alors qu’elle chantait incroyablement faux ! La voilà actuellement à l’écran sous les traits de Mery Streep dans un film signé Stephen Frears : Florence Foster Jenkins.
Nous sommes en pleine deuxième guerre mondiale, mais à New York, la vie artistique continue. Déjà âgée, Florence Foster Jenkins anime avec passion les soirées du Verdi Club, mais cela ne lui suffit pas : elle veut occuper le devant de la scène ! La voilà qui débauche un professeur de chant, et se dégotte un jeune pianiste, le timide Cosmé McMoon (Simon Helberg, découvert dans The Big Bang Theory). Rapidement, celui-ci doit se rendre à l’évidence : sa nouvelle patronne manque singulièrement de justesse, et tout le monde, son mari en tête, feint de l’ignorer ! Ce qui, bien sûr, est prétexte à des scènes à pleurer de rire, où tout se joue sur le visage de Simon Helberg et sur le fou rire qu’il essaie de contenir !
St. Clair Beyfield (Hugh Grant), le mari et imprésario de Florence, chapeaute ces répétitions avec beaucoup de sérieux même si le spectateur sait qu’il ne se voile pas la face et sait ce qu’il en est : la preuve, quand Florence se met en tête de chanter au Carnegie Hall, ce que sa fortune lui permet amplement de faire, c’est la panique à bord pour St. Clair et Cosmé qui savent tout deux qu’un véritable public ne fera qu’une bouchée de leur cantatrice !
Le film de Stephen Frears repose sur un trio d’acteurs admirables, qui jouent tous trois leur partition à merveille : Meryl Streep excelle dans le rôle de cette cantatrice exubérante et naïve, montrant avec brio à quel point la musique habite cette femme, malgré son manque de rythme et de justesse. Hugh Grant incarne avec talent son époux, que l’on croit au début intéressé et arriviste, avant de le découvrir tendre et très humain. Enfin, Simon Helberg joue sans fausse note le rôle du jeune Cosmé, d’apparence vulnérable et timide, mais en réalité courageux et bienveillant ! Celui-ci, en effet, sait qu’accompagner Florence Foster Jenkins sur scène, c’est s’exposer lui-même à la critique, et perdre sa crédibilité ! Le professeur de chant, lui, ne s’embarrasse pas de scrupules et dans une scène très drôle, louvoie face à un Hugh Grant déterminé afin de continuer à être payé tout en n’associant pas son nom à celui de son élève !
Florence Foster Jenkins pourrait n’être qu’un film comique, une farce, tournant en dérision une femme de la haute société narcissique, et persuadée de son talent, que l’on maintient dans l’ignorance afin de mieux profiter d’elle. Mais ce n’est pas cela ! En réalité, Stephen Freaks réussit à en faire un film touchant, en donnant à son héroïne une véritable complexité, étoffant son histoire personnelle en l’imaginant malade et somme toute très solitaire. Difficile dans cette situation de ne pas tomber sous le charme de cette cantatrice pas comme les autres !
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