CINÉMA — Comme nous, vous avez connu Dev Patel en adolescent britannique dans Skins, ou tout jeune homme indien dans Slumdog Millionaire, le film qui l’a propulsé au rang de star internationale. Fini l’ado dégingandé que l’on connaissait, c’est un acteur plus adulte, plus mûr que l’on retrouve au cinéma dans Lion, un biopic qui explore l’identité de Saroo Brierley, déchiré entre deux continents.
Au début du film, on redoute un peu la resucée de Slumdog Millionaire, alors que l’on découvre le jeune Saroo (incroyable Sunny Pawar), un petit Indien, qui aide son grand frère Guddu à gagner de quoi vivre, dans une scène qui n’est pas sans rappeler, effectivement, la relation que le héros de Vikas Swarup entretient avec son meilleur ami. Nous sommes en Inde, dans les années 80, et le petit Saroo va vivre une incroyable et tragique aventure. Alors qu’il suit son frère, parti chercher du travail, le petit Saroo s’endort dans un train. Quand il se réveille, il découvre que le train est parti depuis des heures. Quand celui-ci finit par s’arrêter, Saroo est à Calcutta, bien loin de chez lui, et incapable de retrouver le chemin de la maison. Après quelques mois d’errances, Saroo est confié à un orphelinat, avant d’être finalement adopté par un couple d’Australiens, les Brierley.
Le plus incroyable dans cette histoire, c’est qu’elle est 100% vraie, et adaptée des mémoires du véritable Saroo Brierley, dont l’histoire a fait la une des médias internationaux il y a quelques années. Devenu adulte, Saroo va chercher à savoir ce qu’est devenue sa famille indienne. Le spectateur suit alors son cheminement, et traverse avec lui ses nombreux doutes, ses hésitations, sa peur de trahir la famille qui l’a adoptée, son besoin viscéral de savoir d’où il vient.
Et alors, concrètement, ça donne quoi ?
Lion est un film sensible et pudique, qui touche bien évidemment le spectateur, mais sans jamais tomber dans un pathos inutile. La première partie du film se concentre sur les événements qui vont conduire Saroo en Australie : vulnérable mais courageux, fragile mais déterminé, Saroo va vivre quelques temps dans la rue avant qu’un jeune homme finisse par l’emmener dans un poste de police pour qu’il soit pris en charge. La vie dans les rues bondées de Calcutta est impitoyable, surtout quand on a cinq ans. Sunny Pawar, huit ans, incarne le petit Saroo avec brio : son désespoir et sa résignation sont criantes tant le jeune acteur arrive à se couler dans le rôle. Et, pour ne rien gâcher, il est juste adorable : il suffit de le voir sourire pour comprendre qu’il mérite son prénom !
La deuxième partie du film nous montre un Saroo devenu adulte (sous les traits de Dev Patel). Saroo est plutôt heureux et équilibré. Il a grandi en Australie, au sein d’une famille aimante, les Brierley. Son périple indien est devenu lointain, un souvenir presque effacé. Jusqu’au jour où le jeune homme commence à être tiraillé par son passé : qui est-il ? Qu’est devenue sa mère, que fait désormais son frère ? Bientôt, l’idée que sa mère puisse le croire mort, ait pu le chercher pendant des années lui devient insupportable. Mais comment se pencher sur le mystère de ses origines sans blesser ses parents d’adoption, déjà fragilisés par les ennuis que leur causent leur deuxième fils, lui aussi adopté ? Dev Patel montre avec talent et finesse le lent cheminement de son personnage, sa quête aussi bien intime et intérieure, que géographique et familiale.
Pour Dev Patel, c’est probablement le film de la maturité. Son interprétation est impeccable, et il forme un duo tout en justesse avec Nicole Kidman, qui joue sa mère adoptive. Difficile de ne pas être ému par cette histoire, surtout quand on sait qu’il s’agit véritablement de l’histoire de quelqu’un. Nous vous invitons donc à la voir à votre tour, et à vous faire votre propre idée. L’émotion sera au rendez-vous.
J’y suis allée hier et ça a été un grand moment (j’entendais pas mal de gens renifler de-ci de-là dans la salle, d’ailleurs !). Vraiment un très beau film !