SCIENCE-FICTION JEUNESSE — Camille Brissot travaille dans la communication et écrit des romans. On ne peut guère dire qu’elle ne se consacre à cette activité qu’à ses heures perdues, puisque son premier roman, Les Héritiers de Mantefaule, a été publié alors qu’elle n’avait que 17 ans et préparait son baccalauréat. Depuis, la liste de ses ouvrages publiés n’a cessé de croître ; son dernier titre en date, La Maison des Reflets, explore un futur assez étrange !
2022. Grâce aux Maisons de Départ, les familles endeuillées peuvent vivre sereinement la perte de leurs proches et ne pas s’en séparer définitivement. Car dans les Maisons de Départ, on peut continuer de voir ses chers disparus, sous forme de reflets en quatre dimensions reproduisant à la perfection l’apparence, le caractère et ce petit grain de sel qui fait de chacun de nous ce que nous sommes. La Maison Edelweiss, une des plus célèbres Maisons de Départ, ne désemplit pas.
Daniel y est né, y a grandi et n’en sort presque jamais. Ses meilleurs amis sont d’ailleurs des reflets.
Or, un jour, Daniel sort de la Maison et là, c’est le choc. Dans les allées de la fête foraine qu’il visite, il rencontre Violette, une fille aussi lumineuse qu’imprévisible. Une fille tellement vivante, qui va révolutionner sa conception de l’existence.
Les premières pages du roman nous plongent dans le quotidien de Daniel, qui vit dans le manoir qui abrite la Maison Edelweiss : lieu de calme, de recueillement, de tendres retrouvailles, celle-ci abrite des milliers de reflets qui tiennent compagnie au jeune homme plutôt solitaire. Assez vite, on découvre aussi la vie de Violette et d’Esther, deux sœurs jumelles vivant au sein d’une famille de forains : si la première marque tout le monde – Daniel le premier – par son aura solaire, Esther se montre renfermée et taciturne. De fait, Esther n’a pas une vie facile : d’une part, elle passe pour la méchante sœur du duo mais, de plus, la vie de Violette est menacée par une redoutable épée de Damoclès, qui ne fait qu’empoisonner l’existence des deux jeunes filles. Tout ça pour dire que la rencontre entre Daniel et Violette, si touchante soit-elle, ne va pas déboucher sur une histoire allant d’elle-même.
D’ailleurs, Camille Brissot sait s’affranchir des lieux communs du genre en mettant en scène une correspondance éminemment romanesque entre les deux jeunes gens et qui, à elle seule, suffirait à tenir le lecteur en haleine.
Mais Camille Brissot ne s’en tient pas à la seule découverte des sentiments de deux adolescents plutôt solitaires et loin de là !
Au fil des rencontres qu’il fait, Daniel va se poser un grand nombre de questions sur son travail et sur la façon dont celui-ci impacte la vie des gens. Car les Maisons de Départ sont loin de faire l’unanimité : si d’aucuns apprécient de revenir voir leurs chers disparus, nombreux sont ceux qui s’opposent à ce frein au travail de deuil, malheureusement nécessaire. Et là où c’est brillant, c’est que Camille Brissot parvient à nous faire passer d’un point de vue à l’autre, nous poussant à nous questionner sur le bien-fondé des Maisons de Départ.
Tout cela fait qu’il est difficile de s’arrêter entre deux chapitres de La Maison des Reflets ; ça, et l’ambiance un tantinet fantastique qui plane sur l’histoire : fantômes qui errent dans les couloirs de la Maison Edelweiss, technologie omniprésente et environnement fascinant de la fête foraine créent une atmosphère particulièrement prenante !
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