ROMAN ADO — 100e roman publié au sein de la collection R de Robert Laffont, Les Belles arrive en librairie fort d’un bouche à oreille important. Nous nous sommes penchés sur ce premier tome avec enthousiasme.
Dans le monde imaginé par Dhonielle Clayton, les gens naissent gris, avec des yeux rouges et des cheveux qui ressemblent à du foin. Seules les Belles viennent au monde colorées et peuvent influer sur l’apparence de leurs concitoyens. Grâce à leurs dons, elles peuvent modifier une couleur de peau, modeler une silhouette, lisser des rides. Elles sont adulées… mais également surveillées de très près.
Une nouvelle génération de Belles arrive au palais. L’une de ces six adolescentes sera désignée favorite de la reine, une position enviée et importante. L’ambitieuse Camélia compte bien occuper cette place, qui fut celle de sa mère avant elle. Mais derrière le faste du palais et de la cours règnent de terribles secrets…
Prenez la frénésie et l’insouciance de la Marie-Antoinette de Sofia Coppola et l’exubérance des looks des habitants du premier district dans Hunter Games, et vous aurez une certaine idée de l’identité visuelle que Dhonielle Clayton a su donner à la cour d’Orléans. L’inspiration, pour les lieux, les noms et le goût de la mode, est clairement française. Les patronymes français pullulent : Du Barry, Pompadour, Beauregard, et on imagine très bien une architecture versaillaise. Mais l’extravagance en matière de mode qui a pu faire la célébrité du Grand Siècle par exemple est ici de loin surpassée : tout est possible ou presque. Changer de carnation, de traits du visage, de silhouette : tout se monnaie. Les Belles y œuvrent chaque jour des heures durant.
Adulée, enviée, la Belle l’est assurément. Mais c’est aussi et surtout une exécutante, qui obéit aux commandes. Et la Favorite, en particulier, car elle œuvre auprès de la famille royale, ici composé d’un roi fantoche, d’une reine moribonde et d’une princesse capricieuse qui se révèle au fil des pages être la sœur jumelle de Joffrey Baratheon. Une enfant charmante, en somme. Ainsi, les jeunes Belles déchantent bien vite : la place de favorite n’a rien d’un cadeau.
Dénonçant le culte des apparences, Les Belles pose les bases d’une série convaincante, dotée d’un univers très riche, très visuel et de personnages bien campés. Dhonielle Clayton veille bien à nous montrer que les apparences sont parfois trompeuses, et que tout ce qui brille n’est pas de l’or. L’apprentissage de Camélia, oie blanche ambitieuse qui découvre brutalement que la réalité peut être terriblement décevante, se fait à la dure, et le roman se clôt sur la promesse d’une suite tout aussi intéressante. Un premier tome bien mené, dont l’originalité est le meilleur atout !
J’ai repéré celui-ci, il a l’air génial !