JEUNESSE — Anne Pouget nous invite à découvrir le destin méconnu de Tognina Consalvès. Son récit débute en 1588, à la cour de Catherine de Médicis, où la jeune fille vit, entourée de sa famille. Ce serait d’ailleurs l’histoire de ses parents qui aurait inspiré le conte de La Belle et la Bête. Mais l’auteure, historienne de formation, choisit plutôt de nous conter le destin de l’une de leurs filles.
Tognina a réellement existé, comme l’attestent différents tableaux la représentant. Comme son père et deux de ses frères et sœurs, elle est atteinte d’une maladie rare et qui plus est inconnue à l’époque : l’hypertrichose. Leurs corps sont intégralement recouverts d’une sorte de pelage, ce qui ne manque pas de susciter la curiosité de leurs pairs. Cela va notamment conduire Tognina et sa famille à évoluer au cœur de la Cour de France, et à rencontrer nombre de personnages historiques. Il sera ainsi fait mention, bien évidemment, de Catherine de Médicis, mais aussi d’Ambroise Paré, de Ronsard, de Montaigne ou encore de Lavinia Fontana, qui a peint le portrait le plus célèbre de Tognina.
Quand les autres vous considèrent comme un monstre, comme une abomination de la nature, tout juste bonne à être exhibée dans un cabinet de curiosités, il est sans aucun doute difficile de puiser de la force dans ce qui vous rend différent. Et c’est pourtant ce que Tognina va essayer de faire tout au long de ce roman : s’accepter soi-même, accepter le regard des autres et leurs propres difformités, lutter pour que cette particularité physique ne la définisse pas. Même si le message véhiculé prend place au XVIème, il n’en reste pas moins très actuel et donne une belle leçon de tolérance.
Ma vie de monstre est donc un roman jeunesse (à partir de 13 ans) de qualité. L’histoire est prenante, dynamique et bien écrite, ce qui donne envie d’avancer dans sa lecture. Celle-ci s’avère d’ailleurs enrichissante, tant pour l’histoire vraie à l’origine du conte, que pour les personnages historiques qui gravitent autour de Tognina et qui nous permettent de mieux appréhender l’Histoire de France. Mention spéciale pour les quelques pages à la fin du livre, intitulées « Ce qui est vrai, ce qui est inventé dans le roman » et qui permettent d’aller plus loin dans sa lecture. Ce roman est aussi là pour rappeler au jeune lecteur que sa différence peut aussi être sa plus grande force, et que tout un chacun doit être accepté pour ce qu’il est.
Ma vie de monstre, Anne Pouget. Scrinéo, 1er mars 2018.
Soyez le premier à commenter