FANTASY — Aurélie Wellenstein, dans son dernier roman paru aux éditions Scrinéo, nous offre un récit initiatique et psychologique magistral, sur fond de fantasy plutôt sombre et brutale.
Une île. Dix clans. Tous les dix ans, un championnat permet de les départager : au terme d’une compétition sans merci où un seul des candidats peut survivre, le gagnant permet en effet à son clan de régner pour la décennie à venir et peut décider de décimer les autres clans au cours de la cérémonie dite « du banquet ». À cette occasion, les vainqueurs peuvent perpétrer les pires atrocités : esclavagisme, viol, anthropophagie, ces banquets se soldent toujours par un véritable déchaînement de violence. Lors de la précédente édition, Faolan a fait partie de la caste des vaincus : il a assisté au massacre de sa famille et a été réduit en esclavage par Torok, le fils du vainqueur. Dix ans de sévices et de tortures se sont écoulés, et la nouvelle compétition est sur le point de commencer. Faolan brûle désormais de se venger du clan du « Bras de fer » : il sera donc, à son tour, candidat à cette lutte sans merci.
Bien évidemment, ce roman peut, à sa manière, faire penser à la série des Hunger Games. Mais la comparaison s’arrête là puisqu’il ne s’agit pas du tout d’une dystopie. L’histoire prend place dans un monde imaginaire, à inspiration plutôt inca : végétation luxuriante, divinités animales, sacrifices humains… Le dépaysement est total.
Plus qu’un livre de fantasy pure et dure, ce roman est également un livre sur la psychologie, sur la vengeance, la résilience et le pardon. Faolan est bien loin d’être seulement victime de son destin, de son maître, ou des évènements. Au fur et à mesure du récit, on assiste à son émancipation, on découvre son côté sombre et sa soif de vengeance. C’est un personnage complexe qui est susceptible de basculer à tout moment : tour à tour sympathique puis détestable, Aurélie Wellenstein a développé son personnage principal avec une grande maestria. À travers lui, elle nous parle du poids des traumatismes et des sévices, de ce moteur que peut être la vengeance, du pardon aussi.
La magnifique illustration signée Aurélien Police reflète parfaitement l’ambiance du roman : sombre, sanglante et un chouïa mystique. Le ton est donc donné dès la couverture, d’autant plus que ce roman est décrit comme étant le plus sombre et le plus brutal de l’auteure à ce jour. Et effectivement, les descriptions (notamment celles des banquets) ne laissent pas indifférent. Âmes sensibles, vous voilà prévenues : l’écriture d’Aurélie Wellenstein est telle que l’on se surprend parfois, au cours de sa lecture, à vérifier que tout va bien autour de nous et que ce n’est « que » l’un des personnages qui est blessé. Ce roman possède une intensité folle et plonge son lecteur dans un sentiment d’urgence, façon décharge d’adrénaline. C’est une compétition et il ne doit y avoir qu’un seul vainqueur.
Un rythme échevelé, une écriture addictive, des personnages fouillés : autant de raisons de découvrir ce roman initiatique remarquable, qui montre bien que la fantasy française n’a rien à envier aux autres succès d’origine anglo-saxonne.
Le Dieu oiseau, Aurélie Wellenstein. Scrinéo, Mars 2018.
Eh ben ! Ça donne envie !!!
Salut !
Ayant été déçue par Les loups chantants de la même auteure, j’hésitais à lire celui-ci, d’autant que j’avais adoré Le roi des fauves, mais je crois que je vais me laisser tenter 😛
Merci pour cet avis 😀
Merci pour ton retour également ! J’ai découvert cette auteure dans une anthologie des Imaginales et j’étais assez curieuse. En tout cas, Le Dieu oiseau m’a donné envie de découvrir ses autres titres