FANTASY JEUNESSE — Rageot a décidé cette année de rééditer la série Le Noir est ma couleur, avec des couvertures différentes, histoire de relancer la série et d’attirer un nouveau lectorat ! À ce jour, seuls les deux premiers tomes (d’une série qui en compte cinq) sont disponibles dans leur nouvelle édition mais la suite ne saurait tarder. Cette saga est l’oeuvre d’Olivier Gay, un auteur prolifique dont le succès n’est plus à prouver, que ce soit en jeunesse, en fantasy ou en fantastique (La Main de l’empereur, La Magie de Paris, Les Gardiens de la comète, …).
On y fait la connaissance d’Alexandre et de Manon, tous les deux élèves dans un lycée parisien. Manon est l’archétype de l’élève studieuse : première de la classe, toujours au premier rang, une allure sage et discrète. Alexandre, quant à lui, est aux antipodes de sa camarade : bad boy, dissipé, redoublant et plutôt beau gosse (et qui le sait !). En apparence, ils ne sont pas vraiment faits l’un pour l’autre. Mais un stupide pari d’Alexandre et de sa bande de potes va en décider autrement. Pour se venger de Manon qui n’a pas souhaité le laisser copier sur elle lors d’un devoir surveillé, Alexandre annonce à ses amis qu’il va séduire la jeune fille et lui briser le coeur par la suite. Mais tout ne se déroule pas exactement comme prévu.
Cliché, n’est-ce pas ? Eh bien, pas du tout ! Cette histoire n’est pas le récit d’une comédie romantique un peu niaise entre deux adolescents que tout oppose. Déjà, Manon reste clairement insensible aux avances de dragueur un peu lourd d’Alexandre. Mais, le jour où ce dernier se retrouve malgré lui à protéger sa camarade contre une ombre dans une sombre ruelle, leur histoire prend un tournant décisif. Car rien de ce qui s’est passé n’est normal. En effet, Manon — et toute sa famille d’ailleurs — fait partie de la caste secrète des mages ; c’est à dire qu’elle maîtrise la magie et ses couleurs. Dans cet univers, la magie se manifeste en effet à quelques rares privilégiés sous la forme d’un spectre coloré, où chacune des teintes est associée à un pouvoir particulier : le violet pour l’esprit, le rouge pour le feu et la force, etc. Manon sait donc parfaitement se défendre, et ce serait plutôt à Alexandre de se faire du souci !
De plus, malgré leurs caractères a priori stéréotypés, les personnages se révèlent pleins de surprises. Notamment Alexandre à qui, il faut bien l’avouer, le lecteur aura peut-être envie de mettre une ou deux claques au début de sa lecture. Assez vite, on touchera du doigt une autre vérité, une dimension plus profonde chez le jeune homme. On regrettera toutefois l’absence de personnages secondaires réellement fouillés : tous les autres personnages sont pour l’instant là en demi-teinte, au service de l’histoire principale. Mais les deux héros du roman sont un vrai régal : leurs répliques sont bien souvent à mourir de rire, façon punchline, et surtout ils sont naturels. Il est tout à fait probable de les croiser dans la cour du lycée ! Le style d’écriture de l’auteur est donc vraiment parfait pour ce type d’histoire : c’est bien écrit, mais surtout c’est frais, jeune, dynamique, et c’est facile à lire. Il conviendra parfaitement aux jeunes lecteurs en manque de fantastique (à partir de 13-14 ans).
La recette est donc plutôt très bonne pour ce roman qui plante clairement le décor pour la suite de l’intrigue : une écriture entraînante, une petite dose d’humour agréablement distillée, des personnages avec un fort caractère (pas de demoiselle trop en détresse !) et un suspens parfaitement maîtrisé à la fin du tome. Sans aucun doute, il faudra lire la suite ! La réédition de cette série ne fait donc que confirmer le succès que cette saga a eu lors de sa sortie en 2014.
Soyez le premier à commenter