SCIENCE-FICTION — Richard Morgan est un auteur britannique de science-fiction et de fantasy, surtout connu pour sa série autour du personnage de Takeshi Kovacs, récemment adaptée par Netflix sous le titre Altered Carbon. Or justement, si la série vous a plu, on vous recommande très chaudement de lire non seulement Carbone modifié, mais aussi Black Man, un one-shot futuriste riche en adrénaline, dont on vous parle aujourd’hui.
La Terre, dans un petit siècle. L’humanité est débarrassée de la guerre. Mais il subsiste d’embarrassants vestiges des progrès scientifiques et expérimentations humaines, les variantes, des humains génétiquement modifiés. Parmi eux, les plus inquiétants : les variantes treize, des hyper-mâles cultivés exclusivement pour la guerre. Carl Marsalis est l’un de ces ex-soldats génétiquement modifiés, qui pourchasse désormais ses anciens frères d’armes pour le compte des Nations Unies. Un boulot difficile : détesté par ses semblables, craint par la population, il est bien souvent l’homme à abattre. D’ailleurs, sa dernière mission l’a conduit tout droit dans une prison de Floride, où il semble condamné à croupir pour l’éternité.
Alors lorsqu’une ancienne détective, aux prises avec une variante treize meurtrière vient le trouver, Carl n’hésite pas longtemps : il passe un accord et part sur les traces de son sanguinaire congénère !
Dès les premières pages, pas le temps de souffler : l’intrigue plonge son lecteur dans un univers futuriste qui fleure bon le cyber-punk. La société est hyper-technologisée, les implants sont légion et les plus grandes puissances géopolitiques s’apparentent désormais plutôt à des multinationales. La conquête de Mars est une réalité et, si la destination n’a rien d’un rêve éveillé, de nombreuses personnes ont déjà embarqué dans une navette spatiale. Toutefois, la vie n’est pas toujours rose et l’on retrouve des thèmes tout d’actualité : les habitants issus des zones les plus pauvres du globe tentent de garder la tête hors de l’eau, le racisme et le mépris de classe sont toujours aussi présents, l’argent fait le pouvoir.
Mais dans ces conditions, l’humanité essaie aussi de réparer ses précédentes erreurs, en employant des gens comme Carl Marsalis, chargé d’éliminer (sans bavure, idéalement), les contrevenants. Ce qui, on s’en doute, arrive peu souvent, d’autant plus lorsqu’ils sèment derrière eux les cadavres.
Au fil des chapitres, c’est une véritable chasse à l’homme qui s’instaure, mais il faut reconnaître que celle-ci est particulièrement lente à démarrer. En effet, en ouvrant le roman, il faut être prêt à accueillir une pléthore de personnages, dont certains semblent n’avoir qu’un rôle éphémère tant ils apparaissent épisodiquement. Ainsi, si l’on découvre Carl Marsalis à l’ouverture du roman… il faudra ensuite faire une longue pause de 150 pages sans voir le bout du nez du ranger. Longs chapitres durant lesquels Richard Morgan nous présente plus avant la situation mondiale, dont la complexité s’avère parfois rebutante. En effet, si l’auteur finit par donner des détails, c’est rarement en accompagnant le lecteur : il faut s’accrocher aux dialogues des personnages (riches en informations) pour comprendre ce dont il est parfois question… ce qui rend certains aspects un peu flous, alors que l’on aurait justement apprécié plus de précisions. Et, de fait, tout cela induit d’inévitables lenteurs dans l’intrigue qui n’en finit plus.
Pourtant, le roman est truffé de bonnes idées et, si vous avez aimé l’ambiance de Carbone modifié, vous devriez vous y retrouver : on nage dans le cyber-punk, l’alliance thriller-SF est très réussie, et l’enquête s’avère régulièrement prenante. Alors… prenez votre élan, et allez-y !
Black Man, Richard Morgan. Bragelonne, 2018. Traduit de l’anglais par Cédric Perdereau.
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