NEW YORK — Après trois ans d’attente, il est temps de retrouver les héros inoubliables d’Un dîner avec Cary Grant ! Nous sommes à la fin des années 40, à New York. À la pension Giboulée, Jocelyn le Français coule des heures heureuses avec sa dulcinée. Mais bien vite, le héros s’efface face à ses colocataire : Hadley, Manhattan, Chic, Page, bien plus divertissantes, aux histoires aux accents parfois tragiques. Le roman choral de Malika Ferdjoukh va de l’une à l’autre avec bonheur : le lecteur suit la cadence avec joie car le roman ne manque ni de rythme, ni d’entrain. Pourtant, derrière le dynamisme de nos jeunes filles, rôdent parfois des histoires bien tristes : un amour perdu, un père disparu,… l’intrigue joue avec nos émotions !
Il n’y a pourtant pas a dire : ça swingue ! Le texte rend magnifiquement l’ambiance des années 1940 : le souvenir bien présent de la seconde guerre mondiale, l’insouciance à venir des années 50, la montée du maccarthysme… Comme Jocelyn, qui découvre ébahi l’American Dream, le lecteur a l’impression de tout découvrir, un peu comme Marty McFly parachuté dans le Hill Valley de 1955 : tout a goût d’inédit, bien qu’empreint de nostalgique. Une drôle de combinaison qui s’avère au final gagnante !
Beaucoup de personnages se croisent dans ce roman : dans la plupart, ça serait bien trop, mais ici, pas de sensation d’étouffement, bien au contraire. Ça participe à la richesse de l’univers imaginé par Malika Ferdjoukh. New York est une grande ville : et pourtant, les coïncidences sont nombreuses, les personnages se loupent parfois à peu de choses. Le lecteur est gentiment frustré : avouons-le, on aime ça ! On n’en a que plus envie de lire la suite.
Un shim sham avec Fred Astaire est une suite équilibrée. Mieux : elle est enthousiasmante, virevoltante et passionnante. On a appris à s’attacher aux jeunes pensionnaires de Mrs Merle et de sa sœur (leur jeunesse mériterait un roman rien que pour elles !). On en vient dans tout cela à oublier un peu Jocelyn, notre billet d’entrée pour ce monde si particulier. Tant mieux, au fond : ce que nous voulons savoir désormais, ce que deviendront Hadley, Manhattan, Chic et Page ! Espérons ne pas attendre de nouveau trois ans pour le découvrir !
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