CONTEMPORAIN — Vous n’avez pas pu passer à côté de Samantha Bailly, qui est sur tous les fronts ces dernières années. Autrice accomplie, présidente jusqu’à il y a peu de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, youtubeuse, … : Samantha Bailly multiplie les casquettes, mais jamais au détriment de la qualité. Très engagée sur la question du métier d’auteur, elle s’est lancée à l’occasion de la sortie de son dernier roman dans une nouvelle aventure. En effet, La Marelle est un roman publié via l’auto-édition numérique. Et le contenu proposé est tout aussi enrichissant que l’expérience partagée par la jeune femme sur ses réseaux sociaux et sur son blog ! Branchez-donc vos liseuses et vos tablettes pour découvrir ce roman qui sort des sentiers battus.
Sarah va bientôt avoir trente ans et a une vie de rêve. Sur le papier, tout du moins, tout lui réussit : un poste prestigieux dans l’univers prisé de la mode, une bande d’amis soudée, une vie de couple épanouie C’est alors qu’un soir, quelques années après sa dépression, elle tombe sur un livre : Marelle, de Julio Cortázar. Cette trouvaille est un séisme car ce livre ne lui est pas inconnu. Les pages sont annotées de sa main et de celle d’un homme dont elle ne connaissait rien et qu’elle a aimé de manière fugace bien des années plus tôt, au moment de son burn-out. À tout donner, tout le temps, à 1000% sous prétexte qu’elle aime ce qu’elle fait, Sarah a fini par se brûler les ailes. Les souvenirs de cette époque révolue ressurgissent alors sans crier gare, et avec eux, les fantômes d’une passion aussi intense que dévastatrice et déraisonnable. Bouleversée par ce livre qu’elle est incapable d’oublier, Sarah va se lancer dans une enquête éperdue pour retrouver celui dont elle ignore tout, sinon que de l’aimer l’a marquée d’une brûlure indélébile.
À la lecture de ce résumé, on pourrait s’attendre à découvrir une histoire d’amour flamboyante, un peu cliché. Mais il s’avère que c’est bien plus que cela. Une fois de plus, Samantha Bailly dépeint avec brio le portrait des Millenials et cela fait un bien fou de se retrouver là-dedans. Comme elle l’a déjà montré dans sa série des Stagiaires ou des Âmes jumelles (auxquelles elle glisse d’ailleurs quelques allusions), elle comprend cette génération Y dont elle fait partie et sait mettre le doigt sur ses joies, ses peines, ses doutes et ses angoisses à travers celles de Sarah ! Vaste programme donc pour notre héroïne ! Il ne tient qu’au lecteur de faire le parallèle avec sa propre vie.
Et la passion n’est pas que dans le travail. Sarah se consume aussi pour un homme et, à travers elle, on (re)découvre les liens si particuliers de cette génération Y avec les relations affectives. Les codes ont définitivement changé et la tradition a été bousculée : l’heure est aujourd’hui aux applications et aux rencontres éphémères où l’approche est souvent la même. Toujours les mêmes questions bateaux donc, que Sarah et Nathaniel décident pour une fois d’éviter. Ils choisissent alors de ne pas dévoiler d’éléments tangibles de leur quotidien afin de donner une chance à cette rencontre. Rattrapée par son propre jeu, Sarah finit alors par fantasmer cette relation et, d’une certaine manière, tombe amoureuse de l’idée de l’amour, parce que cela la fait vibrer un peu plus fort !
À la manière d’un aller-retour constant entre passé et présent, ce roman est celui des paradoxes : le feu de la passion et les abîmes de la dépression, le courage d’oser et la lâcheté au sein d’un couple, la douleur de la solitude et la peine qui peut accompagner l’amour … Ces quelques pistes de réflexion ne rendent pas hommage au nombreux thèmes abordés par l’autrice : parmi eux, la passion, le travail et les risques de burn-out, l’amour, le sens que l’on cherche à donner à sa vie ou encore les angoisses du quotidien. Ils sont nombreux, mais toujours bien traités, sans jamais tomber dans le jugement ni dans le pathos. L’un ou l’autre fera forcément écho en vous.
Un conseil : foncez découvrir ce livre par vous-même, surtout si vous faites partie de cette fameuse génération des Millenials (nés entre 1980 et 1999 !). Car il faut toujours faire confiance à Samantha Bailly : elle a les mots justes, loin des clichés, pour savoir nous parler.
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