FANTASY URBAINE — Et l’on retrouve aujourd’hui Madeline Black, découverte en début d’année dans Black Wings, sous la plume de Christina Henry.
Si Madeline est toujours Agente de la Mort, sa parenté avec le déchu Azazel et le Seigneur Lucifer lui donne du fil à retordre. Non seulement la jeune femme doit se plier à une étiquette royale dont elle n’a cure, mais en plus elle est fiancée – sans que son avis lui soit demandé, évidemment ! – à un des laquais de son père, un ange détestable. Elle doit également souffrir d’être sous la protection rapprochée de l’homme qu’elle aime, Gabriel, tout en sachant que tout avenir avec lui est inenvisageable. Là-dessus, Lucifer la charge de mener une ambassade auprès de la cour fae, un ennemi héréditaire, avec pour mission de rétablir des relations cordiales entre ces deux cours qui se détestent. Or, c’est pile le moment que choisit un invisible – mais tenace ! – ennemi pour enlever Gabriel et Beezle, la gargouille domestique de Maddy…
Comme le résumé semble l’annoncer, l’intrigue est loin d’être de tout repos ! D’autant que l’autrice a manifestement souhaité brouiller les pistes en multipliant les sous-intrigues dès le départ. Un peu trop, peut-être ? Il faut en effet passer une grosse moitié du roman avant de voir où elle souhaite en venir réellement. Dans ce laps de temps, les scènes d’action (avec moult affrontements sanguinolents et bastons de rue) se suivent… et se ressemblent. Invariablement, Maddy est attaquée, déplore la présence d’un de ses (trop nombreux) acolytes masculins, se collette joyeusement avec la créature en présence, finit couverte de sang et à moitié morte, mais s’en sort in extremis parce qu’après tout, elle est badass.
A vrai dire, c’en est même un brin lassant, car notre héroïne oscille sans arrêt entre ces deux extrêmes, sans jamais vraiment se décider : mi-battante qui n’a pas froid aux yeux, mi-princesse à sauver, elle passe un temps considérable à regretter d’être seule, faible, banalement humaine et si prompte à être blessée. Les séances d’auto-apitoiement sont d’autant plus agaçantes qu’elle se revendique, auprès de ses compagnons, comme forte et indépendante. Ce qu’elle est indéniablement !
L’histoire permet réellement d’approfondir l’univers tout juste aperçu dans le précédent volume : ainsi, on découvre la cour fae, de même que l’existence des loups-garous, et la façon dont tout ce petit monde s’articule par rapport aux Déchus. Malheureusement, c’est là aussi un peu brouillon : entre les alliés qui disparaissent, les manigances des uns et des autres, l’enquête à mener sur les meurtres de loups-garous et les divers enjeux magiques, on finit par ne plus savoir où donner de la tête. D’autant que, comme dans le premier tome, certains éléments nous sont donnés sans vraiment être explicités, un peu comme si on avait raté une préquelle détaillant les tenants et aboutissants de cet univers.
Pour autant, le roman n’est pas désagréable à lire, car l’autrice a su insuffler ce qu’il fallait de gouaille dans les dialogues et de rythme dans l’intrigue pour que l’on avance sans barguigner. Une lecture divertissante, à glisser dans son sac de plage !
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