FANTASY — La série des Salauds Gentilshommes, dont le tome 3 est publié depuis déjà 5 ans en France, est une petite pépite que Bragelonne a décidé de rééditer pour notre plus grand bonheur, agrémentée d’une couverture sobre des plus réussies. C’est l’occasion de (re)découvrir ce premier tome plein de gouailles avec Les Mensonges de Locke Lamora.
Locke Lamora est une légende ! Mais pas le genre de légende héroïque et altruiste, non non non, plutôt le genre qui vole de l’argent aux riches et qui ne le redonne pas aux pauvres. Mais quel génie ! Orphelin très tôt, le jeune Locke est recueilli (pour ne pas dire capturé) par Le Faiseur, chef d’une bande de voleurs des rues. Là, comme tous ses jeunes camarades, il doit voler, rapiner et ramener son butin tous les jours en signe de bonne foi. Mais son caractère cabotin et intrépide va rapidement lui attirer des ennuis. Le Faiseur n’aura alors pas d’autre solution que de vendre son petit protégé au Père Chains, faux prêtre et chef des Salauds Gentilhommes, une bande spécialisée dans le dépouillement des riches nobles de la ville de Camorr. Commencent alors des années de formation pour le moins intéressantes, jusqu’à ce que les problèmes s’accumulent … Les Salauds Gentilshommes ont en effet monté un coup de maître pour dépouiller Don Salvara, un riche notable de la cité, en douceur. Au même moment, des jeux de pouvoir se mettent en place entre le cappa (le chef des voleurs de la cité de Camorr) et le Roi Gris, un soi disant arriviste qui souhaite prendre sa place. Entre les deux, Locke Lamora … Locke et ses comparses vont-ils réussir à se sortir de ce guêpier ?
La trame de ce roman se concentre sur deux fils conducteurs : la jeunesse de Locke (et ses années de formation, à la façon d’un roman d’apprentissage) et le coup monumental qu’il prépare aujourd’hui avec les salauds gentilshommes (et donc tous les ennuis qui en découlent …). Le découpage, une fois qu’on a compris l’alternance des époques, est très intelligent puisqu’il permet de donner des informations et d’étoffer l’univers sans alourdir la trame principale, déjà fort complexe et foisonnante.
Il vous faudra d’ailleurs peut-être un peu de temps et d’ardeur pour vous plonger dedans, mais cela vaut totalement le coup (parole de salaud gentilhomme !). Accrochez-vous et persévérez un petit peu si vous vous sentez perdus au début et vous serez sans aucun doute récompensés ! Au final, c’est frais, plein de verve et ça change des romans d’heroic fantasy classiques. L’auteur aime d’ailleurs dire de son roman qu’il s’agit de fantasy criminelle, centrée sur le monde de l’ombre, des petites gens et des assassins.
L’histoire prend place dans une cité médiévale, parcourue de très nombreux canaux et dont chaque île est le territoire d’une population bien particulière, avec ses propres caractéristiques. Les détails sont très soignés et la ville est un personnage à part entière. Et chacun son style ! Notamment à travers les dialogues qui sont tantôt très fleuris, tantôt très ampoulés mais toujours savoureux. L’auteur réussit d’ailleurs l’exploit d’élever les insultes au rang d’art ! Ce n’est donc pas forcément à mettre en toutes les mains, d’autant plus que certaines scènes peuvent s’avérer extrêmement violentes. Mais rien n’est gratuit et surtout, rien n’est laissé au hasard : le roman est plein de rebondissements et tout se met en place dans les dernières pages. Chapeau, l’artiste !
En résumé, Les Mensonges de Locke Lamora, c’est l’équilibre parfait entre Ocean’s eleven et les classiques de la fantasy. Alors si vous avez aimé La Stratégie des As, ou plus simplement si vous cherchez une petite pépite : n’attendez plus !
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