La Machine de Léandre : magie, steampunk et laboratoire !

FANTASY URBAINE — Ce n’est pas une mais deux histoires qu’Alex Evans nous propose dans son dernier roman intitulé La Machine de Léandre : une première nouvelle éponyme et La Chasseuse de livres. Et elles prennent toutes les deux place dans le même univers que Sorcières associées et l’Échiquier de Jade. Mais pas de panique si vous ne les avez pas lu : ce nouveau roman peut se lire indépendamment des deux autres. Un monde steampunk et exotique, la présence de magie, une enquête trépidante et des personnages féminins qui en jettent : c’est par ici !

Dans La Machine de Léandre, Constance Adgal mène une vie solitaire et tranquille. Professeure de sciences magiques, elle n’aspire qu’à une seule chose : se consacrer à ses recherches sur le Pouvoir dans son laboratoire. Mais le destin en décide autrement : son éminent collègue a disparu alors qu’il travaillait sur une machine légendaire, capable de catalyser la magie. Qui plus est, une faille inopportune s’est ouverte en ville et déverse son lot de monstres et notamment un incube pas farouche pour un sou. Cerise sur le gâteau, tout le monde la sollicite pour remplacer le disparu au pied levé, comme si ses recherches n’étaient déjà pas assez prenantes. Bon gré mal gré, elle accepte donc d’aider Philidor Magnus, le compagnon de son amie d’enfance, à travailler sur la fameuse machine. Mais très vite, elle va réaliser qu’elle a mis les pieds dans quelque chose qui la dépasse.

La Chasseuse de livres concerne non plus une chercheuse, mais une doctorante, la jeune Cassandra qui n’en peut plus de rédiger sa thèse dans le cagibi qui lui sert de bureau, sans avoir l’occasion d’aller sur le terrain. Jusqu’au jour où un mystérieux mécène lui propose de partir à la recherche d’un vieux grimoire, dans les ruines d’une cité antique. Ni une, ni deux, Cassandra se met en route, direction Tourmayeur. Une fois encore, même si la jeune fille ne manque pas de caractère, l’histoire va s’avérer un poil plus compliquée que prévue.

Alex Evans s’attaque aujourd’hui à un gros morceau : le monde de la recherche, obscur et fantasmé pour les non-initiés, même dans les autres mondes. Après tout, si la magie avait émergé chez nous après la révolution industrielle, nul doute que les scientifiques de l’époque l’auraient étudiée avec sérieux et en profondeur, au même titre que ces improbables microbes qui faisaient fantasmer le public avant que Louis Pasteur et ses collaborateurs ne communiquent sur la théorie des germes. L’auteure met en particulier le doigt sur la recherche fondamentale : branche incomprise qui consiste à acquérir des connaissances nouvelles, sans chercher systématiquement à leur trouver une application. Sacrilège ! Et c’est très réussi. On visualise parfaitement les chercheurs à leur paillasse, avec les moyens du bord. Le récit soulève aussi quelques problématiques bien d’actualité (même dans notre réalité) autour du statut des doctorants, de la recherche des financements, etc.

Si Sorcières associées avait du potentiel mais était un peu brouillon, Alex Evans a bien su rectifier le tir avec ces deux histoires dynamiques et entraînantes, et surtout plus simples (et la simplicité a du bon) ! Certes l’intrigue est plus linéaire, mais cette fois, tout s’enchaîne et le rythme ne faiblit pas. Les personnages s’en sortent bien également puisque chacun tire son épingle du jeu d’une manière ou d’une autre et échappe aux stéréotypes (sauf à celui du chercheur solitaire et mal fagoté !).

En bref, une lecture hautement divertissante, qui se paie même le luxe de jouer sur plusieurs niveaux de lecture selon le public visé, mais qui aurait pu être un peu plus longue. Un livre sympathique et vite englouti, pour les jeunes adultes amateurs d’imaginaire !

La Machine de Léandre, Alex Evans. ActuSF, septembre 2019.

Par Coralie.

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