FANTASTIQUE — Mats Strandberg est un auteur et journaliste suédois dont on a déjà parlé sur Café Powell, lorsqu’est parue en France la série The Circle – hyper célèbre en Suède et adapté au cinéma – qu’il a co-écrite avec Sara B. Elfgren.
Aujourd’hui, on vous parle d’un de ses titres solo, qui s’éloigne de la fantasy urbaine pour plonger dans le thriller horrifique : Le Ferry.
Mille deux cent passagers, réjouis à l’idée de faire la traversée entre la Suède et la Finlande, embarquent à bord du Baltic Charisma, un luxueux paquebot habitué de la Baltique. Durant vingt-quatre heures, ils peuvent prétendre être quelqu’un d’autre, passer de restaurant en bar, profiter des soins au spas, se prélasser dans les jacuzzis. Pour le personnel à bord, c’est la routine de la traversée qui l’emporte, entre petites dissensions dans l’équipe et passagers qu’il faut quasiment materner. Alors que la traversée s’annonce d’une confortable banalité, tout va partir en vrille. Car le mal rôde à bord. Perdus au milieu de la mer Baltique, coupés de tout contact avec la terre ferme, passagers et équipages n’ont aucune échappatoire…
Avant que l’on ne bascule dans l’horreur, le récit s’attache à présenter les différents protagonistes : le bateau, pour commencer, puis les personnages phares parmi les membres de l’équipage ou les passagers. Il faut donc attendre une grosse centaine de pages – jusqu’à ce que le bateau soit bien lancé et la nuit tombée – pour que s’installe réellement le malaise et que débute le jeu de massacre. Mats Strandberg adore les récits de Stephen King, et cela se sent : son thriller horrifique baigne dans le fantastique et propose lui aussi son lot de carnages.
L’auteur saute d’un personnage à l’autre, au rythme de courts chapitres, ce qui entretient le suspense et permet d’avoir une vision d’ensemble de la situation de façon assez efficace. A ce titre, il est un peu dommage que l’auteur ait ajouté de temps en temps des chapitres intitulés Baltic Charisma et qui font des sortes de synthèse de ce qu’il se déroule à droite à gauche. Le système n’est pas inintéressant, et permet de glaner d’intéressantes informations, mais a le tort de casser le rythme du récit.
Celui-ci, narré au présent et dans un style très descriptif – quasi-journalistique – dépeint avec clarté la situation. Si cela peut donner un côté assez clinique et détaché à l’horreur, cela empêche également le récit d’être littéralement terrifiant. Pas de panique, donc, si vous détestez les films et romans d’horreur : ce titre-ci ne devrait pas vous terroriser ! Quoi qu’il en soit, l’auteur décrit avec forces détails le carnage à bord, et n’hésite pas à écorner le mythe des créatures fantastiques qu’il fait intervenir. Ceci étant, il délaye peut-être un peu trop la sauce : les scène se suivent et se ressemblent, sans toutefois relancer le suspense, ce qui à la longue finit par être un tantinet redondant.
Le style du récit, presque journalistique, induit une distance entre le lecteur et l’intrigue : voilà donc un roman d’horreur que l’on conseillera aux néophytes du genre qui voudraient le découvrir sans toutefois en perdre le sommeil, mais qui laissera peut-être sur leur faim les amateurs de récit parfaitement terrifiants.
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