CONTEMPORAIN JEUNESSE – En plein vol est le roman compagnon à quatre mains de Quand vient la vague, par Manon Fargetton et Jean-Christophe Tixier. Comme “compagnon” l’indique, les deux opus partagent beaucoup : des personnages, une trame, des lieux mais ils ont aussi leur individualité propre. Alors vous pouvez décider de retrouver Clément et Nina (désormais au second plan), ou au contraire, vous pouvez venir découvrir Romane et Jules : dans l’ordre, dans le désordre, peu importe. Avec ou sans bagage, laissez-vous happer !
La 1ère année de fac : l’année de tous les possibles. Romane et Jules, qui se connaissent de loin, se retrouvent dans la même promo de sociologie. Travaux dirigés obligent, ils décident de se mettre en binôme. Et leur amitié est fulgurante, nourrie d’idéalisme et des épreuves qu’ils ont affrontées. Très vite, on apprend que Jules a vécu dans la rue. C’est donc tout naturellement qu’ils décident ensemble de travailler sur le thème des sans-abris. On suit alors Romane et Jules dans leur quotidien, à la recherche de réponses. Au gré de leurs excursions parisiennes, ils s’interrogent : quelle vie veulent-ils mener ? Faut-il vivre l’instant présent ou se construire un futur ? Faut-il se montrer spontané ou plus posé ? Y-a-t-il vraiment des bons et des mauvais choix ? Un vent de liberté souffle, c’est à Jules et Romane qu’il appartient de décider quoi faire de leur vie.
Compagnon de livre, compagnon de lecture, compagnon d’adolescence … Ce livre est multiple, porté par un duo d’auteurs qui SAIT parler aux adolescents. Ensemble, ils savent aborder des sujets pas forcément évidents, sans jugement, sans apitoiement, avec justesse et honnêteté. Le fil rouge de ce livre, c’est le thème de la précarité. Et il est extrêmement bien amené : avec des regards extérieurs et intérieurs. Chaque personnage a son avis sur la question et peut l’exprimer. On y voit la détresse, l’incompréhension, l’absence de choix aussi parfois, les motivations, le quotidien de tous ces gens qui n’ont pas la chance d’avoir un toit sur leur tête et de toutes les personnes qui gravitent autour. Il en résulte une belle leçon d’humanité et un regard dépoussiéré sur la question.
L’un des autres thèmes abordés, c’est l’endométriose. Alors ça peut paraître anecdotique, voire tabou : mais ça ne devrait pas ! C’est encore assez rare de le rencontrer dans les fictions, alors l’effort mérite d’être souligné. De manière assez générale, l’endométriose gagnerait à être plus connue, que ce soit par les jeunes femmes qui découvrent leur corps et comprennent que la souffrance des menstruations n’est pas une fatalité ou par leurs homologues masculins trop souvent désemparés ou gênés par une situation qui ne devrait pas l’être. Et le récit trouve pile poil sa tonalité pour faire passer le message sans en faire des caisses. Chapeau bas !
En plein vol est un roman juste, touchant et très grisant. On vibre avec les personnages, on espère pour eux, on grapille les miettes de leur vie. Le style est poétique mais toujours accessible, et si l’intrigue cède plutôt le pas à la réalité du quotidien, c’est là aussi pour mieux faire vibrer le lecteur.
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