ROMAN JEUNESSE — Delphine Pessin est une habituée du rayon jeunesse. Tout début mars, elle a publié, chez Didier jeunesse, Deux fleurs en hiver, un roman doudou auquel il est difficile de ne pas succomber !
C’est l’histoire de deux « fleurs ».
La première, c’est Capucine, en terminale ASSP (Accompagnement, Soins et Services à la Personne) qui décide de faire son stage de fin d’année dans un EHPAD pour y découvrir le métier d’aide-soignante – et le dur monde du travail au passage. Chaque jour, Capucine porte une nouvelle perruque, en fonction de son humeur : la turquoise pour les premières fois, la rouge pour être une warrior, la brune à chignon pour avoir l’air plus adulte.
L’autre fleur, c’est Violette, une toute nouvelle résidente, institutrice à la retraite, dépitée de laisser derrière elle sa maison et Crampon, son chat adoré, pour finir sa vie dans ce “mouroir”, loin de ses souvenirs.
Ce résumé ne vous vend pas du rêve ? C’est vrai. Mais il est trompeur ! Car il ne dit pas toute la douceur et l’émotion de ce roman.
Les chapitres – narrés à la première personne – sont tour à tour consacrés à Capucine, et à Violette. Sans trop de surprises, toutes deux finissent bien vite par se (re)trouver. Mais elles ne nouent pas immédiatement une relation d’amitié, non. Car Violette est bien décidée à détester tout son séjour sur place et Capucine… Eh bien Capucine n’a pas vraiment le même âge qu’elle !
Peu à peu, elles lient pourtant connaissance. Chacune cache une blessure, un secret qu’elle ne partage pas aisément mais qui, bizarrement, va les faire se rapprocher.
En quelques chapitres, on se prend au jeu. Car Delphine Pessin ne nous livre pas toutes les clefs mais glisse, de-ci, de-là, quelques subtiles allusions à ce qui peut travailler l’une et l’autre. Mais les secrets sont durs à dévoiler, aussi le suspense va-t-il croissant.
Au-delà d’une magnifique histoire d’amitié inter-générationnelle, Delphine Pessin évoque des sujets d’actualité brûlants. Il est question de relations familiales difficiles, et des non-dits qui grèvent une relation entre parent et enfant. Il est question de vieillesse, et de vieillesse loin de chez-soi, dans un EHPAD – ce qui n’est pas forcément un lieu qui fait rêver. Il est aussi question de la situation dans les dits EHPAD, dont l’autrice ne cache aucune difficulté.
Mais le plus beau, dans tout cela ? Eh bien c’est que malgré la dureté des sujets évoqués, le roman est loin d’être déprimant. C’est plutôt une petite perle de tendresse !
Évidemment, la quantité de sujets fait que tous ne sont pas aussi approfondis les uns que les autres. Mais le fait d’avoir deux narratrices, vivant la situation en étant chacune d’un côté du miroir, donne deux regards différents et complémentaires. Et c’est ce qui rend le roman si prenant. Car malgré leurs différences d’âges, Capucine comme Violette ont des histoires familiales tourmentées et de nombreux points communs… que l’on vous laisse découvrir.
Delphine Pessin signe donc un superbe roman : bien écrit, bien mené, il a en plus le bon goût d’évoquer des sujets pas si fréquents en littérature jeunesse et qui gagneraient à l’être un peu plus – surtout dans des romans d’une telle qualité. Malgré quelques chapitres un peu difficiles, lourds d’émotion, ce roman est empreint d’une immense douceur. C’est le sourire aux lèvres que l’on sort de cette lecture, peut-être un peu secoué, mais réconforté par l’immense tendresse que recèlent les pages !
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