RELIC, un drame psychologique sur la fin de vie

Relic

CINÉMA — Fort d’une photographie froide et épurée, le premier long métrage de la jeune réalisatrice sino-australienne Natalie Erika James aborde la sénilité à travers la maladie d’Alzheimer.

Nous allons assister à un drame familial dans lequel nous retrouvons trois générations d’une famille en apparence tout à fait banale mais qui pourtant cache de lourds secrets..

Alerté par le shérif local qu’Edna (Robyn Nevin) ne donne plus signe de vie depuis plusieurs jour. Sa fille Kay (Emily Mortimer ) et sa petite-fille Sam (Bella Heathcote) décident de se rendre dans la demeure de cette dernière.

Kay est la fille qui a pris de la distance avec sa mère à cause d’une vie sentimentale et professionnelle qui semble chargée. Sam quant à elle est la petite fille aimante, inquiète du sort de sa grand-mère et qui peine à comprendre le comportement de sa mère.

Une fois sur place elles ne trouvent aucune trace d’Edna et décident de se mettre à sa recherche.

Ce n’est que quelques jours plus tard que cette dernière refera surface, elle a l’air différente, un mal semble la ronger…

À partir de cet instant l’angoisse s’immisce progressivement chez le spectateur qui va ressentir ce déclin progressif pour le personnage d’Edna..

On retrouve ici une horreur banale qui passe à travers le regard d’une grand-mère qui ne vous reconnaît plus et qui semble s’éloigner progressivement de la réalité.

On assiste à des scènes de tendresse qui sont rapidement suivies de scène de violence et d’incompréhension de la part d’une Edna qui semble totalement rongée par l’oubli..

C’est l’angoisse du déclin qui mène fatalement à un point de non-retour qui nous redoutons tout au long du film.

On est immergés dans des éléments du quotidien que nous connaissons tous, on retrouve des situations et un environnement assez communs auquel on peut facilement s’identifier. C’est là une de ses plus grandes forces.

Ce film s’inspire l’histoire personnelle de la réalisatrice dont la grand-mère souffrait de la maladie d’Alzheimer. Un jour lorsqu’elle est allé la voir au Japon, elle ne la reconnaissait plus. Au cours d’une interview elle nous dit que « En un sens, c’était presque pire que la mort – voir une personne que l’on aime disparaitre progressivement pour devenir une étrangère ».

Au niveau de ses influences et de ses références la réalisatrice a grandi avec le cinéma asiatique mais également avec des classiques tels que Shining (Stanley Kubrick, 1980) et Videodrome (David Cronenberg, 1983)

Pour l’horreur elle nous dit s’être inspiré de films comme l’Orphelinat (Juan Antonio Bayona, 2008) et Les Autres (Alejandro Anemabar, 2001).

Ce récit ne s’apparente pas à une histoire d’épouvante que l’on peut qualifier de classique, où un esprit lambda va terrifier une famille, dans RELIC cet esprit terrifiant est bien vivant et il est malade.

La folie atteindra son paroxysme lorsque Sam suivi de Kay finiront pas entrer dans la « réelle » maison d’Edna qui est en fait une allégorie de l’esprit tourmenté et dément de cette dernière.

Dans cette maison alternative, les couloirs sont infinis, les murs se rétrécissent, plus rien n’a de sens, les ramifications font penser à celle d’un cerveau malade dont l’esprit est totalement désorganisé.

À l’intérieur de cette maison, Kay et Sam seront poursuivis par le mal qui ronge Edna jusqu’à un dénouement final touchant et captivant que ce soit au niveau visuel mais également au niveau de la réflexion que cela implique.

Relic est un film qui nous parle d’un fait de société important, celui de la place des personnes âgées au sein des familles et de la société ainsi que leur abandon progressif mais qui pour autant n’essaie pas de nous donner une leçon de morale.

Mené d’une main de maitre par un casting neuf et rafraichissant, le premier long métrage de Natalie Erika James en parti produit par Jake Gyllenhaal est un film d’épouvante qui nous donne envie suivre avec attention les prochains films de la réalisatrice.

Par Hugues Porquier

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