Le Royaume assassiné : oubliez Ariel, découvrez Lira !

Le Royaume assassiné

FANTASY — « Sous l’océan, sous l’océan… Doudou, c’est bien mieux, tout l’monde est heureux sous l’océan » chantait Henri Salvador dans un certain dessin animé Disney bien connu de tous. Sous l’océan, le bonheur est absolu ? Pas selon Alexandra Christo, qui livre avec son roman Le Royaume assassiné une réécriture très sombre de la petite sirène. Le thème est similaire, certes, mais on est loin des crabes qui chantent ou des poissons qui dansent…

Dans un univers d’une grande richesse qui mériterait d’être plus abondamment détaillé dans de prochains romans, Alexandra Christo place une guerre séculaire entre humains et sirènes. Depuis que les hommes ont défait la déesse de l’océan, les sirènes se vengent en arrachant un coeur humain chaque année. Véritables monstres des profondeurs, ces sirènes chantent pour tuer et sont connus de tous pour leur férocité…

Lira est une jeune sirène cruelle. C’est la fille de la reine des mères (pensez Ursula, si vous tenez à faire la comparaison avec le Disney), et elle est connue comme la Dévoreuse de princes car elle ne dérobe que des coeurs princiers à chacun de ses anniversaires. Sa mère, la plus terrible des créatures qui hantent les mers, l’a, disons-le franco, dans le collimateur : elle n’apprécie pas la popularité grandissante de cette jeune fille amenée à la remplacer un jour. Pour la punir de ce qu’elle juge être une terrible incartade, elle la transforme en humaine avec une mission : lui rapporter le coeur du Prince Elian avant le prochain solstice.

Le Prince Elian n’a pas été choisi au hasard : véritable pirate qui préfère la compagnie de son équipage à celle des courtisans, le prince s’est donné une mission : protéger les mers en trucidant la moindre sirène qui croise sa route. Bien sûr, vous le devinez : c’est une Lira sous forme humaine qui croise sa route… La suite ? Vous la devinez. Mais le roman va, bien sûr, bien au-delà de la romance évidente qui se noue entre les deux jeunes gens.

Équilibré, bien mené, pourvu d’un background riche et de personnages bien troussés : le roman d’Alexandra Christo dispose de bien des qualités. Là où tant d’autres auteurs auraient pu faire traîner l’intrigue en longueur de manière à en tirer trois tomes, l’autrice parvient à tout faire tenir en un seul et unique tome, ce qui évite les temps morts et les longueurs inutiles. On peut juger la fin un poil hâtive, mais c’est vraiment histoire de chipoter, car Le Royaume assassiné est par ailleurs un roman de très bonne facture, avec lequel on ne s’ennuie jamais. En bref, on ne boude pas notre plaisir.

Au coeur du récit, deux grandes questions : au fond, c’est quoi l’humanité ? Et royauté, cadeau ou fardeau ? Lira et Elian sont tous les deux des tueurs impitoyables, chacun pense suivre une ligne de conduite morale, en accord avec les principes de leur peuple. Mais Lira, au fur et à mesure, en vient à reconsidérer ce qu’elle pensait jusque là être de la faiblesse : la compassion et l’amour dont font preuve les humains. Elian, lui, remet en question son projet de génocide des sirènes. Et si une paix sans bain de sang était possible ? Tous deux sont également issus de dynasties royales : ils sont amenés à hériter un jour d’un royaume. Mais Elian ne semble pas en vouloir, et Lira voudrait réformer le sien de fond en comble…

Vous l’aurez compris, c’est une bonne surprise, entre aventure et horreur, romance (légère) et piraterie.

Le Royaume assassiné, Alexandra Christo. De Saxus, 2020. Traduit de l’anglais par Emmanuel Pettini.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.