NETFLIX —Ah, Las Chicas del Cable : l’année dernière, les ultimes épisodes de cette série espagnole proposée par Netflix ont été mis en ligne, et nous les avons regardés avec passion. C’est un peu notre plaisir coupable, cette série, car on doit bien le reconnaître : malgré de nombreuses facilités scénaristiques, ça se regarde avec beaucoup de plaisir. On vous explique pourquoi.
Un ancrage historique bien fichu
Bienvenue à Madrid dans les années 20 : si avec ça, la série ne marque pas de points avec vous, je ne sais pas ce qu’il vous faut ! Les années folles, rien que ça ! Se dessine une époque révolue, où la puissante compagnie du téléphone faisait travailler de nombreuses standardistes qui, avec leurs fils et leurs écouteurs, pouvaient alors surprendre de nombreuses conversations secrètes. Ah, lointaine époque où la connexion entre deux téléphones nécessitait une intervention humaine… Ah, quelle période faste pour les robes sans taille, les coupes à la garçonne et les porte-cigarettes !
La série court de la fin des années 20 jusqu’à la guerre civile espagnole dans les années 30 : le spectateur assiste donc à une période particulièrement charnière pour l’histoire ibérique. Autant vous dire que l’ultime saison, en plein conflit, ne manque pas d’action… Au-delà de ça, le spectateur a une vision d’ensemble de l’évolution des mœurs sur la période, et notamment de la place des femmes. Autant vous dire que ce n’est pas joli, joli à voir : entre le divorce qui est interdit, les femmes gênantes rapidement taxées d’hystérie et enfermées, les violences conjugales banalisées… C’est dans ce contexte particulièrement chargé que vont émerger des personnages féminins vraiment bien ficelés.
Des personnages féminins qu’on prend plaisir à suivre !
L’héroïne de la série s’appelle Alba, mais vous la connaitrez bientôt sous le prénom Lidia. Elle a pas mal de casseroles aux fesses, notre Alba/Lidia. Au début de la saison 1, un flic véreux la fait chanter (en la menaçant de la faire tomber pour meurtre) et elle doit intégrer la compagnie de téléphone pour mieux la cambrioler. Petit problème : à peine a-t-elle rejoint l’équipe des standardistes qu’elle se rend compte que le numéro 2 de l’entreprise n’est autre que son amoureux de jeunesse, perdu de vue dix ans plus tôt à leur arrivée à Madrid. Deuxième petit problème : le fils du patron, Carlos, lui fait les yeux doux. Muy complicado.
Heureusement, Lidia se fait bien vite des amies pour la vie au sein de l’entreprise. Carlota, l’héritière éprise de liberté qui travaille contre l’avis de ses parents, qui s’engagera en politique et pour les droits des femmes. Marga, timide petite souris venue de la campagne, qui prouvera à tous qu’elle est plus courageuse qu’il n’y paraît. Et enfin Angeles, mère de famille battue par son mari, qui devra gagner sa liberté à la force du poignet…
Une grande méchante qu’on adooooore détester
Autre personnage féminin de premier plan : Doña Carmen. Oh, de prime abord, elle ne paie pas de mine, la maman de Carlos. Épouse du patron de la compagnie de téléphone au début de la série, Carmen est, disons-le tout net, une vieille peau odieuse. Prête à tout pour servir ses ambitions personnelles (y compris à piétiner un peu ses enfants au passage), Carmen est de tous les mauvais coups et manque de pot pour Lidia, elle joue systématiquement contre elle. Carmen ne rechigne devant aucun coup bas. À chaque fois que vous vous dites qu’elle ne peut pas faire pire… elle y arrive pourtant. On parle d’une femme prête à orchestrer l’avortement de force d’une autre femme, qui complote pour organiser un trafic de bébés, qui est prête à faire passer sa propre petite fille pour morte aux yeux de son fils et de sa belle-fille, entre autres méfaits. Vraiment, on vous aura prévenus : c’est une sorcière. Et encore, c’est pas sympa pour les sorcières.
Des thèmes résolument modernes
La série évoque bien sûr des thèmes qui vont avec l’époque de l’action : l’émancipation féminine dans l’Espagne des années 20 est ainsi un des sujets majeurs abordés par la série. Des femmes qui travaillent, qui refusent le mariage, qui rêvent de divorce… La maternité est étudiée sous toutes les coutures : grossesse non-désirée, voulue, souhaitée mais qui n’arrive pas… Abnégation maternelle, mère de substitution… Mais Las Chicas del Cable parle aussi de polyamour, d’homosexualité ou de transidentité : des thèmes novateurs au vu de l’époque de la fiction.
De quoi bosser son espagnol…
La série se regarde avec un grand plaisir en version originale : alors oui, les acteurs parlent vite, mais avec des sous-titres, ça vaut vraiment la peine de regarder la série en espagnol. N’est-ce-pas la langue de la passion après tout ?!
À l’occasion de la sortie de la saison finale des Demoiselles du Téléphone, Netflix a été à la rencontre de la VRAIE dernière demoiselle du téléphone. Et l’histoire est si belle…
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