New York à travers les (p)âges #1 : de l’aube du XXe siècle aux années 1930 !

Découvrir New York

DOSSIER — Ah, New York, New York ! N’est-ce-pas la plus romanesque des villes (après Paris, n’en doutons pas !) ? New York est une ville qui m’a toujours fascinée. Après une première visite en 2010, puis une seconde en 2016, j’ai dû me rendre à l’évidence  : je suis tombée amoureuse. Aussi, je m’efforce de retrouver la grosse Pomme en fiction très régulièrement. De grandes plumes se sont attachées à l’exercice de rendre compte de l’évolution de la ville. J’ai décidé d’allier deux de mes grandes passions (New York et le roman historique) pour vous faire une série d’articles pour vous faire découvrir l’évolution de New York au fil du XXe siècle. Vous êtes prêts ? C’est parti pour le premier article, qui vous fera voyager du début du XXe siècle jusqu’aux années 30 !

New York en 1900…

Peut-on se figurer New York en 1900 ? Déjà résolument moderne, la ville à l’orée du XXe siècle ne ressemble pourtant pas du tout à celle que l’on connaît aujourd’hui. Imaginez-la, bien sûr, déjà privée de tous ses gratte-ciels. Le célèbre Flatiron ne tardera pourtant pas à sortir de terre. Il sera ainsi inauguré en 1902.

Permettez-moi une légère escale au XIXe siècle avec mon premier conseil de lecture : très légère, puisque la série d’Anna Godbersen nous entraîne en 1899 (ne chipotons pas pour une année !) dans la bonne société des beaux quartiers. Romans pour adolescents, certes, mais très divertissants, qui donnent une bonne idée du corset social que représentait à l’époque la vie dans l’Upper East Side. À l’époque où j’ai dévoré ces romans, on les comparait au Gossip Girl de 1900 (nous aurons l’occasion, dans un article ultérieur de revenir sur cet autre pan de la littérature new-yorkaise pour adolescents). Bref, de quoi ça parle en gros ? De mariages, de complot, de jalousie. Une jeune héritière doit épouser un jeune héritier, mais c’est bien sûr plus compliqué que ça. C’est toujours plus compliqué que ça.

Le mariage, c’est aussi un thème ultra récurrent chez Edith Wharton, connue pour ses romans féroces dans le New York des années 1900. Chez les heureux du monde en constitue un bon exemple : le lecteur suit la belle Lily Bart dans le monde cruel de la bonne société new-yorkaise. Un monde dans lequel on ne vous pardonnera aucun faux-pas. Le New York huppé apparaît comme une ville à la vie culturelle et sociale riche, mais qu’on s’empresse de quitter pour la campagne dès le premier rayon de soleil : c’est clairement un lieu de contrastes où cohabitent des richesses démentielles et la pauvreté la plus criante. Chez Edith Wharton, on arpente déjà la cinquième avenue, Central Park et la célèbre Grand Central Station. 1900 dans ce New York est une période de transition : les vieilles familles de l’époque de New Amsterdam doivent désormais côtoyer les nouveaux riches bon gré mal gré… Ça ne ravit pas les premières, mais c’est comme ça : après tout, un nouveau siècle débute.

Les années 10 : guerre, immigration de masse et grippe espagnole !

Tout un programme, que l’on trouve décrit à merveille dans Amerika de Rabee Jaber ! L’ambiance y est, bien sûr, totalement différente de chez Edith Wharton. Ici, on parle davantage d’Ellis Island que de Tiffany’s sur la Ve avenue ! Ellis Island, pour ceux qui ne connaissent pas, a longtemps été la porte d’entrée de l’Amérique : si vous en avez l’occasion, ne loupez pas le très intéressant musée qui s’y visite aujourd’hui. C’est sur cette île, au large de Manhattan, que débarque Marta, l’héroïne courageuse de ce grand roman sur l’immigration américaine. Elle a vingt ans, et est syrienne. À peine mariée, au pays, qu’elle a vu son mari se barrer pour l’Amérique sans autre procès. Courageuse et déterminée, elle le suit et pose le pied sur le sol new-yorkais en 1913. New York est alors en effervescence : alors que la première guerre mondiale se profile en Europe, nombreux sont les nouveaux arrivants à débarquer à Ellis Island. New York est alors une ville cosmopolite, où des communautés se forment pour tenter de survivre face à l’American Dream (aujourd’hui, vous pouvez ainsi visiter notamment Little Italy, ancien quartier de la diaspora italienne ou le célèbre Chinatown). Marta arrive à New York pour découvrir que son mari, lui, a filé chercher fortune en Louisiane (oui, il a la bouegotte). Qu’à cela ne tienne : elle saura rebondir et se construire sa vie, dans une décennie marquée par la guerre puis par l’épidémie de grippe espagnole…

Roaring Twenties  !

Arrivent sur ces entrefaites les années 20 ! Période ultra charismatique de l’histoire new-yorkaise avec ses speakeasies, ses bootleggers, ses clubs clandestins… Eh oui, la décennie précédente s’est terminée avec le passage du Volstead Act qui interdit purement et simplement l’alcool sur le territoire américain. Une décennie faste pour la pègre… C’est dans ce terreau fertile que Luca Di Fulvio situe l’intrigue de son excellent roman Le Gang des rêves. On suit d’abord une jeune femme, venue de Naples commencer une nouvelle vie son bébé sous le bras. Cette femme, rapidement prostituée, ne rêve que d’une chose pour son fils : qu’il devienne un vrai Américain, qu’il réussisse dans la vie. Pourtant, Christmas, l’enfant en question, grandit dans les rues les plus sordides du Lower East Side, où règnent les gangs dans cette décennie si particulière. Malgré cela, Le Gang des rêves sera le récit d’une ascension fulgurante des bas quartiers jusqu’à la célébrité et la reconnaissance. La force du roman repose notamment sur la retranscription brillamment ficelée d’une époque très particulière, en pleine Prohibition et avant la Grande dépression, dans une ville bouillonnante. L’auteur s’intéresse à toutes les communautés qui constituent alors la grosse pomme et réfléchit à une question éternelle : c’est quoi, être américain ?

Cap sur les années 30 !

Interrogation somme toute très new-yorkaise, car bon nombre de romans sur la ville commencent par une histoire d’immigration. C’est encore le cas de La Pâtissière de Long Island, dans lequel une jeune Allemande est envoyée à New York en 1932 pour l’éloigner d’un amoureux jugé indésirable. La jeune femme débarque dans le coffee-shop tenu par ses frères dans un contexte de fin de Prohibition. Le roman donne la part belle aux nombreuses comparaisons entre l’Allemagne que la jeune héroïne a toujours connue (et qui s’apprête à voir l’arrivée d’Hitler au pouvoir), et la vie new-yorkaise. New York, dans les années 30, traverse bien des turbulences : la fin de la Prohibition, les conséquences de la crise de 29, et, bien entendu, les prémices d’une guerre qu’on devine peu à peu inéluctable…

À bientôt pour la suite ?

Livres conseillés dans cet article

  • Rebelles, Anna Godbersen. Albin Michel, 2008.
  • Chez les heureux du monde, Edith Wharton. Le livre de poche, 2010
  • Amerika, Rabee Jaber. Gallimard, 2013.
  • Le Gang des rêves, Luca Di Fulvio. Pocket, 2017.
  • La Pâtissière de Long Island, Sylvia Lott. J’ai lu, 2017.
  • Bonus : Mazie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés, Jami Attenberg, roman qui court de 1907 à 1940 !

À lire :

New York à travers les (p)âges #2 : 1940-1970

New York à travers les (p)âges #3 : 1980-2000

 

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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