ROMAN YOUNG ADULT — Ne vous laissez pas impressionner par ce gros pavé : Un sort si noir et éternel se dévore en réalité en quelques heures de lecture seulement. Il faut dire que le récit, riche en dialogue, est remarquablement efficace…
Réécriture inspirée du conte de la belle et la bête, Un Sort si noir et éternel nous raconte l’histoire du prince Rhen, autrefois maudit par une méchante enchanteresse : il vit un automne sans fin, au terme duquel il se transforme en monstre sanguinaire qui décime la moindre personne qui croise son chemin. Seule manière de conjurer le sort : qu’une femme tombe amoureuse de lui. Mais cela n’est jamais arrivé, et alors, l’automne recommence… Depuis trois cents saisons, Rhen fait donc kidnapper des jeunes femmes qui vivent au château, et dont il essaie de se faire aimer (dit comme ça, je l’avoue volontiers : ça fait très glauque).
Harper vit dans une grande ville américaine, et sa vie n’a rien d’enviable : sa mère se meurt d’un cancer et son père a accumulé des dettes auprès de gens vraiment peu recommandables qui exigent que son frère fasse l’homme de main pour espérer les rembourser… Une nuit, elle assiste à une tentative de rapt alors qu’elle fait le guet pour lui. Elle intervient et est embarquée à la place de la victime au château de Rhen…
Une héroïne battante et courageuse, au coeur d’or, un château enchanté, un prince en apparence imbuvable qui se révèle charmant, un second couteau plein de bonnes surprises, et enfin, une triple menace sur le royaume… Un sort si noir et éternel a tout ce qu’il faut pour séduire le lecteur qui cherche un bon divertissement, mené tambour battant. La réécriture de la belle et la bête est très rapidement évidente et l’attirance entre Rhen et Harper n’a rien d’une surprise… Pourtant, il est drôle de la voir lutter et s’opposer à Rhen et à son allié Grey au tout début du roman ! Entre l’audacieuse et virulente jeune fille et le prince blasé et torturé, il y a des étincelles ! Le récit donne voix aux deux personnages, ce qui permet au lecteur de pleinement embrasser la psyché des deux protagonistes, en appréciant l’évolution de l’état d’esprit d’Harper, comme les scrupules et l’horreur qui habitent Rhen, monstre malgré lui.
De nombreux dialogues et un style très enlevé et efficace contribuent à ce que les pages se tournent toutes seules. L’aspect fantasy est classique, de même que la romance, mais ce qui change agréablement c’est côté représentation, car Harper a un handicap de naissance (une paralysie cérébrale qui la fait boiter). Ça ne l’empêche pas d’embrasser à fond sa nouvelle vie de princesse de « Lésétasuni » et de nous livrer un combat très Game of Thrones à la fin du roman !
En somme, on ne boude pas notre plaisir et on sera au rendez-vous pour la suite qui se concentre davantage sur le personnage de Grey !
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