Chroniques express – Romans historiques pour tous les âges

Café Powell vous propose aujourd’hui une petite sélection de livres historiques, pour tous les âges et sur toutes les périodes. Entrez donc avec nous dans la machine à remonter dans le temps.
Direction le …

XIIe siècle

1167, duché de Normandie. Jeune chevalier désargenté et sans perspectives, Guillaume le Maréchal sort de l’anonymat en sauvant la reine Aliénor d’Aquitaine des mains de ses assaillants. En récompense, elle le charge de l’éducation guerrière et de la protection de son fils Henri, l’héritier au trône d’Angleterre occupé par son père, Henri II Plantagenêt. Mais la position de favori de la famille royale n’est pas toute rose et Guillaume ne tardera pas à faire les frais de la jalousie et de la rivalité des autres chevaliers. Certains courtisans ne tarderont pas à comploter dans l’espoir de causer sa perte alors qu’il est promis à la plus belle femme du royaume…
Souvenez-vous, nous avions dévoré la trilogie consacrée à Aliénor d’Aquitaine. Cette nouvelle parution d’Elizabeth Chadwick s’inscrit donc dans la continuité et nous permet de retrouver la célèbre reine, cette fois comme personnage secondaire. Comme à son habitude, l’autrice entremêle à la perfection vérité historique et fiction pour redonner vie aux grands personnages de l’Histoire, avec juste ce qu’il faut de rebondissements et de glamour pour pimenter sa lecture. Même si l’histoire manque parfois un peu de rythme, ce roman est la parfaite occasion de redécouvrir cette figure de chevalerie oubliée de manière divertissante.

Le point fort de ce roman ? Une bibliographie solide d’un point de vue historique qui permet de vivre l’Histoire de l’intérieur, avec ses protagonistes.

Le Chevalier d’Aliénor, Guillaume le Maréchal – 1, Elizabeth Chadwick. Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Fanny Adams. Hauteville, octobre 2021.

XVIe siècle

Shakespeare est au Royaume-Uni ce que Molière est à la France : les deux hommes que la Manche sépare sont tous deux des dramaturges et comédiens de génie, qui ont marqué à jamais leur pays respectif. Mais si l’on connaît plutôt bien Jean-Baptiste Poquelin pour l’avoir étudié lors de notre scolarité, qu’en est-il réellement de nos connaissances sur son homologue britannique ? C’est donc bien avec William Shakespeare que Little Urban étoffe le catalogue de sa série de documentaires sur les personnes qui ont, à leur échelle, révolutionné le monde par le pouvoir de leurs mots et de leurs idées.

De Roméo et Juliette à Hamlet en passant par Le Songe d’une nuit d’été, Shakespeare a marqué à jamais l’histoire du théâtre mais il a aussi bouleversé notre conception de la comédie, de la tragédie et de l’amour. Ce documentaire comporte 15 chapitres et un glossaire pour mieux découvrir le monde extraordinaire de William Shakespeare. L’ouvrage — richement illustré — commence par quelques doubles pages bibliographiques qui nous permettent de mieux comprendre les origines du jeune William et l’époque où il a grandi. Le livre replace ainsi judicieusement le personnage dans un contexte historique fort qui explique les inspirations de l’écrivain. S’ensuit une classification plutôt bien faite des différentes œuvres de Shakespeare entre pièces historiques, comédies, tragédies et romances qui nous permet de bien appréhender les tenants et les aboutissants de chaque genre, avec en prime, le résumé ludique et accessible de ses plus grandes pièces.

Le point fort de ce documentaire ? Un objet-livre grand format magnifiquement illustré de toute beauté, qui permet de réunir parents et enfants autour d’une thématique.

Le Monde extraordinaire de William Shakespeare, Emma Roberts et Sarah Tanat Jones. Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Emmanuel Gros. Little Urban, février 2022.

XVIIe siècle

1640. Le royaume de France est sous tension. Affaibli, Louis XIII ne fait plus confiance à personne. Pour protéger son héritier, le futur Louis XIV, qui n’a que deux ans, il décide de s’assurer l’assistance d’espionnes dont personne ne doit soupçonner le double jeu : Aurore de Saintonge, fille d’un de ses fidèles conseillers, et Angèle, fille d’un célèbre maître d’armes. Quand cette dernière découvre qu’une mystérieuse dame en rouge menace le dauphin, le roi leur ordonne de le transférer du château de Saint-Germain au Louvre dans le plus grand secret. Les routes ne sont pas sûres, mais en chemin Aurore et Angèle se découvrent une alliée: Azilys…

Les Espionnes du roi, c’est clairement LA nouvelle série de romans jeunesse qu’on aurait aimé découvrir à l’époque de nos 10 ans. Ce premier opus, court et parfaitement pensé pour la jeunesse, met en scène un trio d’héroïnes — cavalières et épéistes — émérites qui vivent des aventures dans le Paris de l’époque. Les rebondissements s’enchaînent et mettent à l’honneur les 3 jeunes filles, qui n’ont rien à envier à leurs homologues masculins. Et ça, on aime !

Et on enchaîne directement avec le tome 2, Le Poison du Jardin des plantes. Après la tentative d’enlèvement du dauphin sur la route du Louvre, son père, Louis XIII, est inquiet. Et lorsque le jardin des Plantes est inauguré, le roi demande à ses trois espionnes de veiller sur le jeune garçon qui doit l’accompagner. Mais pendant l’inauguration, une plante exotique est dérobée. Après enquête, il s’avère que cette plante est en fait un puissant poison. Aurore, Angèle et Azilys se lancent sans tarder sur la piste du voleur.

On reprend donc les trois attachantes jeunes filles qui ont fait le succès du premier opus et on les suit dans un nouveau mystère. Cette fois, ce n’est plus tant les palais de Saint-Germain ou du Louvre que l’on explore, mais le très célèbre jardin des plantes, qui se visite encore aujourd’hui. Les illustrations en couleur qui émaillent le récit donnent du peps et du dynamisme à un récit qui enchaîne les péripéties avec juste ce qu’il faut de rythme et de rebondissements pour captiver les jeunes lecteurs. Une série de romans (mixtes !) de cape et d’épée qui est définitivement à suivre, et qui, on l’espère trouvera sa place dans les bibliothèques, à la façon des livres de la bibliothèque rose qui ont bercé notre enfance.

Le point fort de ces romans ? De nombreuses illustrations en couleur et un dossier final passionnant et très enrichissant, pour aller plus loin dans la découverte de cette période.

Les espionnes du roi, Christelle Chatel. Tome 1 : Le Pacte du Louvre. Rageot, janvier 2022 ; tome 2 : Le Poison du Jardin des plantes. Rageot, février 2022.

XXe siècle

1932. Violet Speedwell est l’une de ces millions de femmes anglaises restées célibataires depuis que la Première Guerre mondiale a décimé toute une génération de fiancés potentiels. Méprisées dans les journaux, tolérées par les familles malgré une condescendance exaspérée, elles vivent à une époque où les attentes de la société quant à l’avenir des femmes sont des plus rigides. Étouffée par une mère acariâtre, Violet quitte Southampton pour aller s’installer à Winchester, où elle continue de travailler comme dactylo pour une compagnie d’assurances. Mais l’indépendance, à cette époque, a un prix : les salaires sont maigres pour les femmes et Violet peine à joindre les deux bouts. Sa vie sociale est quasiment inexistante et les occasions de se réjouir sont plutôt rares. Un jour, au hasard de ses pérégrinations, ses pas la mènent dans la cathédrale de Winchester, où elle découvre un cercle de brodeuses occupées à confectionner des coussins et agenouilloirs. Violet, qui n’était pas particulièrement douée pour la couture, y trouvera l’amitié, le soutien et la créativité capables de rivaliser avec le dédain et les préjugés.

Presque un siècle plus tard, et un thème finalement toujours aussi actuel. Si les mentalités ont tout de même évolué sur la place des femmes au sein de la société, la pression sociale ressentie par Violet vis-à-vis de son célibat reste malgré tout bien contemporaine. Les personnages secondaires sont aussi un prétexte pour explorer le thème de l’homosexualité dans cette Angleterre de l’entre-deux-guerres. La plume de Tracy Chevalier (La Jeune fille à la perle, La Dame à la licorne) est comme toujours étonnante de subtilité et de justesse : si les premiers chapitres pourraient sembler anodins, on se rend vite compte que cette banalité cache en fait une narration précise et complexe, qui sait faire passer ses messages avec subtilité, sous couvert de dépeindre le quotidien, sans jamais verser dans le drama. À travers Violet, on découvre le monde un peu désuet des cathédrales anglaises dans les années 30 où se côtoient les brodeuses et les sonneurs de cloches dans un ballet fascinant et bien rôdé, sans jamais s’ennuyer une seule seconde. En toile de fond, l’autrice dépeint également la montée du fascisme en Europe ainsi que l’arrivée d’Hitler au pouvoir en Allemagne.

Le point fort de ce roman ? Un portrait de femme dans toute sa complexité et sa simplicité, avec une touche parcimonieuse d’humour : un style d’une grande finesse !

La Brodeuse de Winchester, Tracy Chevalier. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Anouk Neuhoff. Folio, novembre 2021.

 

Par Coralie.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.