SERIE TV — Superstore, c’est une série comique disponible sur Netflix. On y suit le quotidien d’Américains attachants travaillant à Cloud 9, un hypermarché de St Louis : c’est drôle et très entraînant. Les personnages sont hautement touchants. On s’éclate.
Mais pas que.
À chaque nouvel épisode, je me fais le même constat : la vie aux États-Unis n’a rien à voir avec celle que nous connaissons en France, et tellement de choses qui nous semblent acquises ne le sont pas là-bas… Je ne compte plus le nombre de choses qui me font halluciner alors que je progresse dans le visionnage de la série.
Plus que la plupart des séries américaines, en se focalisant exclusivement sur la consommation et sur des employés en bas de l’échelle sociale, Superstore se fait l’illustration réaliste et pragmatique de l’American Way of Life, dans tout ce qu’elle a de problématique. Voici quelques exemples.
Le congé maternité ? Tu rêves, Cheyenne !
En France, quand on est salarié, il est totalement acquis de pouvoir s’arrêter à la fin de la grossesse et lors des deux premiers mois et demi de l’enfant. On s’arrête même bien avant en cas de problèmes de santé ou de travail pénible. Lorsque la saison 1 de Superstore s’ouvre, le spectateur voit très rapidement qu’un des membres de l’équipe, Cheyenne, est enceinte jusqu’aux yeux. Pire que ça : elle est encore au lycée. Autant vous dire que sa vie d’étudiante n’apparaît pas souvent dans l’intrigue : Cheyenne semble fait un temps plein à Cloud 9, malgré ses dix-sept ans et son gros ventre. Et alors qu’arrive le terme de sa grossesse, Cheyenne continue à occuper un poste vraiment dur physiquement : on ne nous épargne ni ses difficultés à se baisser, ni son mal de dos… Pire que cela : tout le monde semble prendre pour acquis qu’elle accouchera à son poste de travail (ce qui arrive effectivement) et qu’elle reprendra le travail dès le lendemain de la naissance. La jeune mère que je suis a été totalement horrifiée. Mais force est de constater qu’aux États-Unis, seuls les entreprises qui veulent se montrer attractives proposent le saint-graal, le « paid maternity leave« . Pour les emplois qualifiés, les multinationales ne prennent pas la peine de le faire… Franchement, puis je me penche sur la question, plus je me demande qui a les moyens d’avoir un enfant aux States… Que Cheyenne accouche dans le magasin signifie probablement qu’elle n’a pas les moyens de se payer un obstétricien et un séjour à l’hôpital.
La question du congé maternité de Cheyenne entraînera des péripéties que je ne vais pas vous dévoiler, mais sachez que c’est visiblement très compliqué !
Au rayon outdoor : les tentes, les chaussures de rando… et les flingues !
Autre chose qui choque profondément le spectateur français : on peut acheter un 9mm à Walmart, normal. Vous imaginez-vous acheter une arme de poing à Carrefour ? N’importe qui de majeur et de pas trop louche peut acheter une arme à feu aux États-Unis et quand Jonah, mal à l’aise avec l’idée (comme on le comprend) se retrouve au comptoir des armes et commence à refuser de vendre des flingues, il se retrouve avec toute une armada d’excités de la gâchette venue défendre avec acharnement le célèbre 2nd amendment… Quand on voit cet épisode de la saison 2, on se dit vraiment que le pays marche sur la tête !
Les RH version USA…
Dans les choses qui frapperont le spectateur français au pays de l’oncle Sam, il y a aussi bien sûr la souplesse des licenciements : même après des années à un poste, on peut décider de vous lourder du jour au lendemain, tu prends ton petit carton avec tes affaires et tu te casses. Mais je pense que ce qui m’a le plus choquée, c’est de voir des employés d’âge canonique au sein de l’équipe. Myrtle, par exemple, est souvent utilisée comme ressort comique parce qu’elle est sourde comme un pot, faible physiquement et qu’elle sort des remarques d’un autre temps. La pauvre, à son âge, elle pourrait quand même prétendre à la retraite !
Et quid du manager, Glenn ?
Ah, Glenn c’est tout un poème. Honnêtement, il est de prime abord adorable. C’est un gentil neuneu, avec sa voix haute perchée et son enthousiasme candide. Il le dit lui-même : il aime tout le monde. Mais l’envers du décor, c’est que Glenn, s’il le pouvait et si Dina le laissait faire, ferait du prosélytisme religieux au travail en permanence. Que c’est un anti-avortement acharné, et que même la contraception le met mal à l’aise. Et pour le coup, c’est nous que son attitude met souvent mal à l’aise…
C’est aussi pour cela que l’on aime Superstore : pour sa dénonciation sans fard de tous les travers de la société américaine. C’est caustique à souhaite dès qu’on creuse un tout petit peu derrière les blagues et les situations comiques.
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