Deux BD à découvrir !

Zep a fait rire des générations d’écoliers avec ses aventures de Titeuf, que l’on ne présente pas ! C’est un vrai plaisir aujourd’hui que de découvrir ses bandes dessinées à destination des adultes, à travers le thème du cerveau numérique.

Grâce au projet DataBrain et à son implant, les humains disposent à la naissance d’un second cerveau numérique où sont directement uploadées des connaissances et des expériences virtuelles plus vraies que nature. Avec de simples programmes à télécharger, apprendre de nouvelles langues ou même assimiler la totalité du savoir de l’humanité n’a jamais été aussi simple et rapide. Cette nouvelle technologie permet même d’optimiser les constantes biologiques de notre corps afin de vivre plus longtemps. Du moins si, comme Constant, on en a les moyens : car ce progrès a bien évidemment un prix… Mais un jour, à la suite d’un piratage informatique, Constant s’évanouit et se réveille en forêt, loin de la ville protégée, en ayant perdu tout son savoir et ses souvenirs. Démuni, il est recueilli par Hazel, une jeune femme vivant en marge de la société, qui va l’aider à se reconstruire et à retrouver son passé. Constant va donc partir sur les traces de son identité réelle et découvrir au passage les facultés extraordinaires de son cerveau… humain.

Ce projet DataBrain laisse rêveur … Qui n’a pas rêvé d’apprendre à parler 12 langues en chargeant un seul fichier, ou bien encore d’avoir accès à tout le savoir encyclopédique du monde de manière instantanée ? Ce que la publicité ne dit pas, c’est que ce projet —moyennant finance— détourne la quasi-totalité de l’énergie mondiale produite, ce qui accroît les inégalités préexistantes. Alors quand Constant passe en un clic d’une vie de privilégié à celle de paria de la société, la pilule est plutôt dure à avaler. D’autant plus quand il réalise que les quelques souvenirs de sa vie passée qui lui restent n’ont jamais réellement existé. Il réalise ainsi que sans l’aide de son second cerveau, il ne sait désormais plus lire, puisque son cerveau humain n’a jamais pris la peine d’apprendre à le faire… À avoir tout vécu dans le numérique, Constant finit par se demander s’il a vraiment existé dans la réalité …

Ce que nous sommes nous propose une quête d’identité prenante, qui prend des accents de voyage initiatique. Zep questionne ainsi son lecteur : faut-il mieux savoir beaucoup de choses ou les apprendre ?  Il soulève ainsi des questionnements alliant éthique et progrès technologiques, dans ce qui est une bande dessinée d’anticipation. C’est passionnant et on aurait aimé en savoir encore plus ! Chapeau, l’artiste !

 

Ce que nous sommes, Zep. Rue de Sèvres, mars 2022.

 

Ruth est une jeune adolescente particulièrement déterminée : plus tard, c’est certain, elle sera journaliste d’investigation, et elle fera résonner sa voix et celles de ses concitoyens ! Mais pour le moment, elle peine surtout à se faire entendre… Au collège comme dans sa famille, les adultes ne semblent jamais l’écouter. C’est tout juste s’ils s’intéressent à sa newsletter, qu’elle envoie pourtant religieusement chaque semaine.

Jusqu’au jour où elle découvre par hasard une étrange substance noire dans le lac derrière sa ville. Quelle est donc cette matière ? Est-elle dangereuse, toxique pour les habitants ? Qui l’a déposée ici, polluant impunément le lac ? Est-ce le country club voisin, dont le gérant semble particulièrement louche ? Voilà une enquête taillée sur mesure pour l’apprentie reporter !

Coup de cœur pour ce roman graphique (d’un peu plus de 200 pages) qui ne se contente pas d’aborder avec brio des thématiques actuelles, mais qui se permet également de dépeindre avec justesse l’adolescence dans tout ce qu’elle a de plus passionné et intense. Ruth est une jeune fille attachante qu’il est plaisant de suivre tout au long de son enquête : tour à tour timide, passionnée, indignée et ambitieuse, elle est le parfait reflet de cette génération qui arrivera bientôt dans les études supérieures et le monde du travail ! Avec elle, le lecteur mène une véritable enquête, avec des fausses pistes et des hypothèses erronées, mais toujours avec rigueur. Car les personnages de la prof de sciences et de Sarita, stagiaire journaliste au New-York Times, sont là pour guider la jeune impétueuse et lui rappeler que la précision, l’impartialité et les preuves sont essentielles pour éviter l’écueil des fake news. Ce titre est également l’occasion de revenir sur la crise sanitaire de Flint, qui a eu lieu dans le Michigan en 2014, où l’eau potable était contaminée au plomb. Le style graphique, très coloré mais très accessible, saura plaire aux pré-ados et à leurs aînés !

Enquête en eau trouble, de Kate Reed Petty et Andréa Bell. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Camille Cosson. Bande d’ados, juin 2022.

 

Par Coralie.

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