Boum, boum, boum : et soudain, tout explose…

Boum, boum, boum

ROMAN INCLASSABLE — Boum, boum, boum : quel ovni ! Paré de ce titre explosif et quelque peu mystérieux et de ce visuel de couverture sublime, ce roman a débarqué en librairie en novembre dernier… Parce que je suis, je dois l’avouer, une lectrice futile, séduite par ces dehors séduisants, je me suis lancée dans cette lecture…

Une lecture pour le moins déstabilisante… Dans ce récit qui entremêle différentes lignes temporelles, Nicolás Giacobone propose un roman choral à la forme étonnante : là où ce genre de romans donnent souvent voix aux personnages sur plusieurs pages, sous la forme d’un chapitre, l’auteur préfère ici des morceaux de texte souvent de la taille d’un paragraphe, d’une page. Cela donne un rythme saccadé au récit : le lecteur a l’impression d’être sur un manège et de passer de monture en monture sans avoir le temps de souffler. Résultat : il lui faut un peu de temps pour rentrer dans l’intrigue et en saisir les enjeux.

L’histoire, on met justement un peu de temps à la reconstituer, de même que les liens qui unissent les protagonistes, je ne vais donc pas la détailler beaucoup. On suit un couple d’artistes argentins installés à New York, une scénariste elle aussi expatriée, une autrice un peu ermite à Buenos Aires, un américain moyen et un peu beauf. Comment vont se croiser les trajectoires de toutes ces personnes ? On peut juste dire que ça sera explosif.

Le roman parle d’art et de création, de la difficulté à livrer au monde son oeuvre, et de l’imposture que l’on peut ressentir quand on est encensé par ce milieu si hermétique. Mais ce n’est que la première couche du roman, la deuxième plonge dans les écueils du désir et de la peur, du deuil, de la revanche et de la haine. Le roman met au jour l’héritage dégénéré de l’envie couplée à la peur. Ce n’est pas beau à voir. L’auteur donnant voix à chacun des personnages de ce qu’on doit bien nommer une affaire sordide, rien n’est épargné au lecteur.

C’est un récit étonnant, dont il est facile de ne pas savoir si on l’a apprécié ou non. On s’égare volontiers dans les apartés de son intrigue, dans ce que l’auteur montre à demi-mots sans franchement le nommer. Il y a, au fond, beaucoup de sujets secondaires, de sous-intrigues qui semblent être laissées au lecteur pour qu’il les développe lui-même dans son imaginaire. Un roman étonnant, oui, ce qui en fait, de facto, un roman à découvrir.

Boum, boum, boum, Nicolás Giacobone. Sonatine, novembre 2022. Traduit de l’espagnol par Margot Nguyen-Béraud.

A propos Emily Costecalde 1036 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.