THRILLER YOUNG-ADULT — Lise Syven a toujours été passionnée par les super-héros, le côté obscur de la force, les dragons et les vaisseaux spatiaux. Elle est également la fondatrice de CoCyclics, un collectif d’écrivains lancé en 2006, et qui a la tâche de mettre le pied à l’étrier à de nombreux écrivains.
Inutile, donc, de s’étonner : Lise Syven écrit et bien souvent dans les littératures de l’imaginaire, que ce soit pour les petits ou pour les grands ! Son dernier titre en date, Saving Paradise, est un thriller survolté, dont le second tome est à paraître – bientôt, espère-t-on.
Faustine Mésanger ne croit pas à grand-chose, sinon au travail. Déterminée à réussir sa vie, la jeune étudiante a déjà presque tout prévu : l’amour, on verra plus tard, priorité à sa carrière qu’elle se charge de construire. Build the future !, c’est justement le slogan fondateur de la Fondation du Griffon, pour laquelle son chercheur de père officie. Cette ONG a pour objectif de rendre le monde meilleur. Charles Mésanger travaille donc d’arrache-pied sur le Tumorex, un vaccin contre le cancer, dont les essais cliniques vont bientôt débuter.
Or, il semblerait que la Fondation dérange quelqu’un. En effet, le laboratoire du professeur Mésanger est la cible d’un attentat : si le père de Faustine est sauf, l’agent d’entretien qui était dans les locaux a, quant à lui, perdu la vie.
Dès lors, la vie de Faustine bascule : alors qu’elle est emmenée de l’université et mise à l’abri provisoirement dans un hôtel, elle frôle la mort. La voilà, dès lors, privée de partiels, emmenée à l’abri avec son père au Château de la Griffe Bleue, en Gironde, et mise sous la protection directe et rapprochée de Nato Braye, dont l’exotique charme ne la laisse pas franchement indifférente.
Autre problème : Faustine croit entendre sans cesse la voix magnétique de l’homme qui les traque et qui se fait appeler Imago. Stress post-traumatique ? Hallucinations ? … Folie ? L’étrangeté de Chevalier, coordinatrice de la Fondation et propriétaire de la Griffe Bleue n’arrange rien au problème. Tout le monde est sur les dents, Faustine la première. Et d’autant plus lorsqu’elle comprend que le brillant avenir qu’elle a projeté est plus que menacé.
Dès le début, on plonge dans le suspens : le roman est à peine entamé que Nato et Hans, son taiseux collègue, viennent récupérer Faustine à l’université, pour la mettre provisoirement à l’abri. A partir de là, on suit la descente aux enfers de la jeune femme : la peur, le stress, les angoisses dues à ses cauchemars et à ses visions, ses interrogations, son trouble.
L’histoire reste, presque jusqu’à la fin, très mystérieuse : si l’on met, assez vite, un nom sur les personnes qui poursuivent la Fondation du Griffon, leurs motivations restent obscures. Sans parler de leur nature : sont-ils bien humains, au fond ? Le doute subsiste et installe un délicieux climat fantastique lourd de questions.
De plus, on comprend assez vite que certains personnages ne jouent pas franc-jeu, sans toutefois savoir, d’une part, de qui il s’agit et, d’autre part, de ce que cela peut signifier à plus grande échelle.
Ainsi, Lise Syven soutient un rythme prenant quasiment de bout en bout – malgré quelques petites longueurs, sans doutes dues au fait qu’une grosse première moitié du roman est littéralement survoltée. On ne peut que trouver trop calmes les scènes qui s’ensuivent !
Si le thriller est très réussi, le portrait de Faustine tient, lui aussi, la route. L’étudiante s’inquiète pour son père (ce qui est bien naturel), mais a aussi des préoccupations familiales plus classiques : ses parents vivent séparés (de fait, sa mère étant en poste à l’ambassade de Washington) ; son père semble n’avoir d’yeux (dans le travail) que pour Marianne, une jeune chercheuse aussi brillante qu’agaçante dont Faustine est sans doute un peu jalouse ; et, dernier point et non des moindres, malgré toutes ses résolutions en matière de relations amoureuses, Faustine sent sa volonté flancher. On s’identifie donc assez facilement à cette jeune femme très humaine !
De plus, si fantastique il y a, l’auteur a eu la judicieuse idée de laisser Faustine, notre personnage principal, légèrement en dehors du cadre. Elle n’a aucun pouvoir, elle n’est pas particulièrement brillante ou surdouée, et n’a aucun plan génial à soumettre pour éviter la crise. Elle n’est pas passive, loin de là, mais ce n’est pas elle qui porte la situation sur ses épaules, ce qui change agréablement dans le paysage littéraire – notamment adressé aux jeunes adultes. On suit avec d’autant plus d’intérêt les péripéties qui émaillent le parcours de la jeune femme !
Ce premier tome (sur deux) se lit donc beaucoup de questions en tête, y compris une fois la dernière page tournée. Si le récit donne certaines réponses, on envisage la suite avec encore plus de questions : quels sont les enjeux autour de la fondation du Griffon ? Quelle part les simples mortels ont-ils à y jouer ? Et, surtout, Faustine parviendra-t-elle à tirer son épingle du jeu ? Il va donc sans dire que l’on attend la suite avec une impatience certaine !
J’ai complètement adoré ce premier tome ! Je lis rarement ce genre de roman et j’ai été submergé par l’action omniprésente. Et puis, QUELLE FIN ! J’ai hâte de connaitre la suite.