FANTASY URBAINE JEUNESSE – D’Olivier Gay, on vous parlait l’hiver dernier de Faux frère, vrai secret et du premier tome de La Main de l’empereur. En cette fin d’année 2017, le schéma se répète : le tome 2 de La Main de l’empereur vient de paraître (et on vous en parle bientôt) et l’auteur vient également de publier un roman pour les adolescents, dont on vous parle aujourd’hui : La Magie de Paris !
La magie existe. Vous ne le savez peut-être pas, mais elle est bien là. Et elle est bien plus présente aux abords des grandes agglomérations (comme Paris) qu’au fin fond de la cambrousse.
Mais cela importe assez peu à Chloé : elle ne vit que pour l’escrime, qu’elle pratique au lycée, et dont elle pourrait bientôt disputer les championnats régionnaux. Raison pour laquelle elle reste bien plus tard que ses camarades d’équipe pour s’entraîner sans relâche. Ce soir-là, comme de juste, Chloé est donc seule dans le gymnase à faire de la musculation, lorsque la magie entre brutalement dans sa vie, en la personne de Thomas, un élève très discret de sa classe. Or le voilà en pleine lutte contre un démon, pas moins. Chloé intervient sans barguigner mais finit blessée dans le combat. À son réveil, le démon est passé de vie à trépas. C’est le moment que choisit Thomas pour lui expliquer qu’il est un mage, chargé de repérer et fermer les failles qui mènent au monde des démons. Et, qu’au passage, il a modifié les capacités de Chloé et fait d’elle… un Chevalier !
Pour ceux qui auraient lu l’excellente série jeunesse d’Olivier Gay intitulée Le Noir est ma couleur, rassurez-vous : si le sujet semble similaire (et, de fait, on retrouve des motifs identiques de l’une à l’autre), les deux séries ne sont pas des copies conformes.
Dès le premier chapitre, on retrouve le style plein de gouaille d’Olivier Gay : c’est Chloé qui nous raconte l’histoire et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas sa langue dans sa poche. Comme elle, on découvre pas à pas le monde des mages, un univers un tantinet hermétique et qui repose sur la complémentarité des rôles : les Mages font de la magie, sans surprise, mais toujours sous la protection d’un Chevalier. Un Chevalier, et non une Chevalière (si tant est que ce mot puisse désigner autre chose qu’une bague) ou toute autre épéiste. C’est le premier point d’achoppement entre Chloé et le monde des mages : c’est une fille, elle est accidentellement devenue Chevalier et… ça n’est pas du goût de tout le monde. Les Mages sont à peine sexistes, donc. Comme quoi on peut être un roman destiné aux adolescents, extrêmement divertissant ET poser des questions intéressantes ! D’ailleurs, le roman regorge de préoccupations aptes à parler à tous les adolescents : Chloé est certes une championne, mais ça ne l’aide pas à être mieux intégrée à son environnement scolaire. Avec son mètre quatre vingt-trois et sa carrure d’athlète, Chloé est plus souvent moquée que louée par ses camarades de classe. Une attitude malheureusement plus que fréquente dans les établissements scolaires. Heureusement, elle peut compter sur ses deux meilleures amies et n’est donc pas totalement isolée.
L’intrigue tient sur à peine quelques jours, et ce sont des journées bien remplies : outre le championnat d’escrime à venir, les Mages bornés qui ne répondent pas et les démons en goguette, Chloé doit aussi composer avec sa mère aléatoirement présente et ses nouvelles capacités hors du commun. Toutes ces préoccupations, habilement mêlées, créent un suspense auquel il est difficile de résister. Comme il est difficile de résister à l’humour qui parsème le texte : petites références à la culture populaire (Star Wars épisode 8 inclus), langage décontracté des lycéens et réparties cinglantes sont légion et font pencher ce roman d’urban fantasy bien troussé vers le roman feel good. Un mélange assez inédit et ô combien efficace !
Avec La Magie de Paris, Olivier Gay revisite le roman de cape et d’épées avec talent : l’intrigue est prenante, les personnages attachants (même les plus pénibles) et l’univers de fantasy urbaine se tient fort bien. Le twist final, quant à lui, sait comment laisser son lecteur sur des charbons plus qu’ardents… avec l’envie tenace de lire la suite !
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