DYSTOPIE — Dans une Angleterre alternative, dirigée par des nobles possédant le Don, tous les citoyens lambdas doivent 10 ans de leur vie en esclavage. Ils sont malgré tout libres de choisir à quel moment de leur existence purger cette peine. Abi (18 ans), Luke (16 ans) et Daisy (10 ans) voient donc tous leurs repères voler en éclats quand leurs parents leur annoncent qu’ils vont effectuer leurs 10 ans dès maintenant, et ce afin de profiter d’un futur plus serein, sans cette épée de Damoclès. Dans l’idée, cela leur permettrait également de traverser ces jours sombres ensemble, comme une famille. Malheureusement, cet ultime vœu n’est pas respecté et la fratrie est séparée. Les deux filles vont suivre leurs parents à Kynestone, au service de la famille Jardine. Luke, quant à lui, est acheminé vers Millmoor, une cité-dortoir où les esclaves sont exploités.
Les chapitres alternent donc entre ces deux lieux et nous permettent de suivre le quotidien diamétralement opposé des personnages. Qui dit deux lieux, dit deux ambiances. Kynestone représente le ballet de la noblesse, où les intentions politiques sont dissimulées derrière des matières nobles : tous les personnages intriguent en secret dans cette belle demeure, et le Don y a la part belle. À Millmoor, tout est plus industriel, plus dur, plus âpre, dans la crasse et la sueur. C’est sans doute ce deuxième environnement qui ressemble le plus aux romans dystopiques ayant eu du succès ces dernières années (Divergente, Hunger Games, …). Là-bas, Luke lutte pour sa survie et se confronte tous les jours à l’injustice du système, contrairement à ses sœurs qui sont finalement privilégiées. Mais la révolte gronde, et pas forcément là où on s’y attend …
L’idée de départ est plutôt prometteuse. Si Millmoor n’offre pas un décor très original, Kynestone semble plutôt différent de ce qui a été proposé jusqu’à présent. Ce premier tome jette clairement les bases d’une intrigue plus vaste qui sera sans doute explorée dans les tomes suivants. Cela se ressent en partie dans les intrigues secondaires, qui sont difficiles à cerner, mais également dans les personnages qui ne sont pas totalement aboutis. Il est raisonnable de penser que tout ce petit monde sera étoffé par la suite. La plus grande faiblesse de ce livre est peut-être le style d’écriture, qui est parfois brouillon, un peu maladroit, comme si les tournures de phrase étaient mal utilisées, sans que l’on puisse déterminer si c’est imputable au texte initial ou à la traduction.
Si vous êtes friands de dystopie, n’hésitez pas à vous forger votre propre opinion sur le texte. Après tout, l’histoire est pleine de promesses et le style d’écriture est une affaire de goût. Si au contraire, vous n’affectionnez pas ce genre ou vous souhaitez le découvrir, passez votre chemin, ce n’est sans doute pas la série qui vous fera changer d’avis.
Les Puissants, tome 1 : Esclaves, Vic James. Nathan, mai 2017. Traduit de l’anglais par Julie Lopez.
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