CONTE — Ce titre vous dit peut-être déjà quelque chose : et en effet, vous avez l’oeil ! Initialement publié en France en 2003 et auréolé de nombreux prix, il a également été adapté en film d’animation par Henry Selick en 2009. Il était donc plus que temps de découvrir le Coraline de Neil Gaiman, à l’occasion de sa réédition chez Albin Michel Jeunesse cette année, avec en prime une superbe couverture signée Benjamin Lacombe.
Coraline vient d’emménager dans un étrange manoir reconverti en plusieurs appartements et dont les autres habitants s’évertuent à l’appeler Caroline. Dé-so-lant ! Il y là les vieilles demoiselles Spink et Forcible, anciennes actrices, et le vieux monsieur toqué à grosse moustache, qui prétend monter un numéro de souris savantes. Mais personne pour jouer avec elle. Et, comme ses parents n’ont pas le temps de s’occuper d’elle, elle décide de devenir une exploratrice. Dans le jardin tout d’abord, puis dans l’appartement. Là, dans le grand salon, elle découvre une porte condamnée. En l’ouvrant, elle pénètre dans un appartement identique au sien. Identique, à première vue seulement… Car Coraline a découvert malgré elle un monde magique parallèle, où le quotidien semble bien plus intéressant que de l’autre côté. Mais à quel prix ?
Si vous êtes friands de contes et d’univers poético-macabres (à la Tim Burton), celui-ci devrait vous plaire ! Alors, bien évidemment, ce récit suit le schéma narratif classique des contes, avec un hommage plutôt appuyé et assumé à Alice au pays des merveilles : l’idée qu’il y a une autre version de la réalité, le personnage principal d’une petite fille esseulée et aventureuse, des parents pas très impliqués suite à leurs tracas du quotidien… Les références sont nombreuses et les parallèles plutôt faciles à faire. Mais ce n’est pas juste une redite du roman de Lewis Carroll. L’univers de Neil Gaiman se démarque en étant peut-être un peu moins fantasque, un peu moins absurde. Il se veut le reflet en négatif de la réalité, et il est d’autant plus inquiétant que sa ressemblance avec le réel est troublante. Après tout, le monde des adultes vu à travers les yeux d’une enfant est a minima étrange !
Dans ce monde, Neil Gaiman joue avec brio sur les codes de l’enfance et les peurs qui lui sont associées. Ici, point de monstre terrifiant caché sous le lit ou de dragon cracheur de feu, mais un couple “d’autres-parents” qui illustre à merveille la peur enfantine d’être arraché à son enfance et la tentation de rester déconnecté de la réalité.
Si le long métrage d’animation peut s’avérer effrayant sur certains aspects visuels, ce livre saura sans aucun doute vous faire découvrir ce conte d’une manière plus apaisée. Les plus jeunes trembleront peut-être un peu (en toute sécurité) et les plus grands apprécieront l’univers onirique de ce roman. Un succès international mérité !
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