ROMAN Historique — On poursuit la découverte de l’excellente série Les chroniques saxonnes de Bernard Cornwell avec le deuxième tome : Le quatrième cavalier. Si vous êtes plutôt séries, sachez que les deux premiers tomes de la saga correspondent peu ou prou à la première saison de The Last Kingdom !
Une forteresse humide, surplombant des marais brumeux : voilà à quoi se résume le royaume d’Angleterre en cette année 878. Le Roi Alfred, sa suite, une étrange sorcière bretonne et quelques fidèles soldats se sont réfugiés là pour échapper aux Vikings qui contrôlent les routes et les mers. Le souverain assiégé croit encore à la possibilité de sauver son pays, mais a bien besoin d’un guerrier intrépide : il convoque alors le comte Uthred, vingt ans à peine, espérant mettre à profit sa connaissance des Danes, de leurs techniques maritimes et de leurs pratiques vikings. Pourtant, ce dernier ne fait toujours pas l’unanimité auprès d’Alfred et des siens : élevé par les Danes, proche de leur culture et résolument païen, Uthred dérange les chrétiens. Parviendra-t-il à réunir l’armée en déroute, à reconquérir leur cœur d’Alfred sans tout à fait renier ce qu’il est ?
Ce deuxième tome s’ouvre juste après la victoire d’Uthred à Cynuit, où il met à bas le chef de guerre Dane Ubba Lothbrokson. Le récit reprend quasiment là où nous nous étions arrêtés, sans pause ou presque – ce qui donne clairement l’impression de se trouver dans une chronique historique !
Comme précédemment, le récit est fait par Uthred a posteriori. Mais l’aspect un peu froid et clinique du premier tome a ici complètement disparu, peut-être car le narrateur adulte raconte des souvenirs de sa vie d’adulte… et qu’il analyse lui-même bien mieux ce qu’il traversait au moment des péripéties.
En effet, la situation politique s’est bien corsée. Alors que le début offre une impression de paix (Uthred s’ennuie et s’offre même le loisir d’aller taquiner les Bretons), la guerre approche à grands pas : les Danes règnent sur la quasi totalité de l’Angleterre et Alfred se retrouve rapidement acculé, soutenu seulement (ou presque) par Uthred, qui est loin d’être son plus fervent supporter. C’est dire si la situation est tendue. Le début du récit offre de splendides scènes maritimes, rapidement suivies de petites escarmouches, bisbilles internes, trahisons de part et d’autre. Et on ne parle pas seulement de scènes de batailles, loin de là ! Uthred doit lutter pour aplanir la dette colossale qu’il a contractée en épousant Mildrith, se défaire d’accusations fallacieuses de trahison (portées par Odda le Jeune, son ennemi depuis le tome 1), et même se défendre lors d’un procès. Tout en essayant de résoudre son dilemme moral entre Saxons et Danes, qui est ici encore remarquablement mis en scène. À la place d’Uthred, on serait également bien en peine de choisir !
L’intrigue est donc particulièrement rythmée, bien plus que celle du premier tome, ce qui rend la lecture extrêmement prenante, d’autant que plus l’on avance vers la fin, plus les batailles se font épiques, jusqu’au combat final. Côté historique, la note en appendice montre combien l’auteur s’est documenté. Même si l’on suppose que quelques parties sont romancées, le récit tient la route historiquement, sans toutefois assommer le lecteur de détails. Il n’y a pas à dire, Bernard Cornwell est un vrai conteur !
L’auteur confirme donc ici son très bon début de série. Rythme et suspense sont au rendez-vous de cette fresque historique qui remet au goût du jour l’histoire médiévale de l’Angleterre. On a donc hâte de lire la suite, avant de jeter un œil à la série !
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