MASSACHUSETTS — Dans son nouveau roman, Jonathan Dee nous entraîne dans une petite ville de l’est des États-Unis, pendant quelques années, après le traumatisme du 11 septembre.
La petite bourgade de Howland, dans le Massachusetts, est une de ces villégiatures qu’affectionnent les riches New-yorkais. D’ailleurs, le hameau leur apparaît même comme un refuge potentiel après les attentats qui ont frappé leur pays en septembre 2001. Philip Hadi est l’un d’eux : riche à millions, il fuit la grosse pomme pour s’installer dans sa maison de vacances. Et puisqu’il faut bien s’occuper, il devient rapidement maire de Howland.
C’est principalement à travers la famille Firth, et ceux qui gravitent autour d’eux, que le lecteur découvre la vie au quotidien à Howland. On suit donc cette fratrie, avec ses ennuis et ses chamailleries pendant plusieurs années. À eux trois, les membres de la fratrie Firth touchent à peu près toutes les couches de la population de la bourgade, ce qui donne un portrait assez complet et assez juste de la vie dans une petite ville à la fois loin et proche de New York, avec qui elle entretient des rapports ambivalents. Les New-yorkais les voient comme des ploucs, et les habitants de Howland les jaugent avec méfiance. La meilleure illustration de ce clivage, c’est l’arrivée de Hadi à la mairie, et les différentes réactions, pas toujours positives, qu’il suscite. Celui-ci n’est pas un édile comme les autres. Il n’hésite pas à payer de sa poche le fonctionnement de la ville, tel un généreux mécène, mais néglige de solliciter l’avis de ses administrés, arguant que la démocratie, c’est dépassé. Idée fort peu politiquement correcte, on en conviendra !
Bon. La peinture de cette Amérique post-11/09 est réaliste et dense, et s’intéresse aux aspects sociaux et économiques de ces années de transition vers la crise qui donnera le coup de grâce à la décennie. Sur le papier, tout est irréprochable et très académique. Mais soyons honnête : on sort de cette lecture un poil hargneux, avec l’impression d’en vouloir personnellement aux personnages pour leurs petites mesquineries, leurs querelles ineptes et leur égocentrisme. Qu’elles ont été longues, ces quatre cents pages en leur compagnie ! Car nous n’avons pas réussi à nous intéresser vraiment à cette petite ville et à ses habitants. Nous sommes toujours restés en surface. Oserons-nous aller jusqu’à dire que l’on s’est ennuyé ? Oui, parfois. Souvent, en fait. C’est sans nul doute un roman qui plaira aux lecteurs de Jonathan Franzen, comparaison proposée à raison par The Wall Street Journal. Mais si ses romans vous filent de l’urticaire, fuyez, celui-ci ne vous plaira pas davantage…
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