FANTASY — Sus au patriarcat : c’est un peu l’idée générale du premier tome de la série Les Immortelles de Namina Forna, qui tisse un roman d’afro-fantasy aux accents féministes très marqués.
Dans le monde dépeint par Namina Forna, en effet, les filles sont bridées, cantonnées au foyer, à leur rôle d’épouse et de mère. Chaque adolescente subit un test de pureté qui fait couler son sang : s’il est rouge, tout va bien, elle est « pure ». S’il est d’or, alors la jeune fille est une démone : elle sera condamnée à mort. C’est ce qui arrive à Déka, l’héroïne. Seulement voilà : quand on lui plante une lame dans le ventre, elle ne meurt pas ! Ou plutôt si, elle décède… pour mieux se réveiller plus tard. Car les filles au sang d’or, les alakis, ont une particularité bien spéciale : outre leur force surhumaine, elles ont la capacité de surmonter la mort ! Chacune d’entre elle a un type de mort qui lui est spécifiquement fatal : mais tous les autres ne font que les plonger dans un sommeil régénérateur. Mais, alors que ses geôliers s’acharnent sur elle et la font mourir de toutes les façons qui leur viennent à l’esprit, Déka renaît toujours à la vie. Jusqu’à ce qu’une femme étrange lui propose un marché…
Quelle mise en place atroce ! Déka, toute jeune fille, enfermée dans un cachot où on la décapite, on la démembre, on la fait brûler… sans jamais parvenir à la tuer définitivement ! Quand bien même l’autrice a recours à l’ellipse, ce que le lecteur comprend entre les lignes fait froid dans le dos et donne le ton du roman : celui-ci ne convient pas aux âmes sensibles car le sang va couler. Et il sera d’or…
Le roman n’est pourtant pas inutilement violent : c’est une manière pour l’autrice de dénoncer toutes les brimades et les violences faites aux femmes, à travers un régime brutal et misogyne, ultra répressif avec la moitié féminine de sa population. Le roman est éminemment féministe : Déka, qui a bien intégré tous les discours atroces qu’on lui a seriné toute sa vie, va peu à peu remettre en question l’ordre établi et cessé de se voir comme une anomalie qui mérite la mort. Pour finalement oser briser ses chaînes et remettre en question tout le patriarcat !
Un roman assurément engagé, qui fait souvent froid dans le dos, mais se lit avec rapidité et aisance.
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