Les monstres de Rookhaven : une histoire de tolérance

FANTASTIQUE JEUNESSE — Vous cherchez une ambiance gothique sans être effrayante ? Vous aimez l’atmosphère des films de Tim Burton ? Vous êtes au bon endroit. Venez donc découvrir le mystérieux manoir des Monstres de Rookhaven, et tous ses habitants, pour une lecture accessible dès 10 ans.

Mirabelle habite un mystérieux manoir en pleine forêt avec une famille un peu particulière. Il y a par exemple son oncle Bertram, capable de se transformer en féroce grizzly, ou sa tante Eliza, dont le corps entier est composé de centaines d’araignées… Autrefois chassés par les hommes (qu’ils avaient, il faut dire, une fâcheuse tendance à dévorer), ces monstres ont conclu un Pacte avec le village le plus proche : en échange d’un approvisionnement régulier en vivres, ils ont juré d’épargner leurs voisins.
Jusqu’au jour où deux orphelins, Jem et Tom, réussissent à franchir la barrière magique qui isole le manoir du reste du pays. Or si cet Enchantement permet à Mirabelle et à sa famille de rester cachés aux yeux de tous, c’est qu’une créature bien pire qu’eux encore les menace. Tandis que la jeune fille se lie d’amitié avec les deux enfants et s’ouvre peu à peu au monde extérieur, le danger se rapproche inexorablement…

Les monstres ont de tous temps fasciné les foules. Effrayants, captivants, fascinants … Ils ne sont pas toujours ceux que l’on croit. L’auteur a d’ailleurs choisi de présenter les différents personnages, non pas comme un musée des horreurs, mais comme des êtres vivants ayant chacun leur particularité, qui vaut la peine d’être célébrée. L’ambiance est d’ailleurs plutôt bon enfant : à aucun moment les personnages les plus intimidants ne font vraiment peur et le jeune lecteur s’attachera facilement à eux. Bien plus qu’à certains personnages que l’on peut d’ailleurs rencontrer au fil des pages : le méchant de l’intrigue est en fait bel et bien humain (et plus que détestable). Une belle leçon de tolérance mise en place par Pádraig Kenny, à un âge où il fait bon entendre que toutes les singularités sont belles et que c’est le regard de l’autre qui apporte son lot de jugements.

Dans cette optique, l’auteur a choisi d’alterner les narrateurs entre Mirabelle qui vit au manoir, Jem qui représente quant à elle la normalité humaine et Goret, un personnage mystérieux, enfermé dans les sous-sols de Rookhaven. Sauf que … les catégories et les étiquettes ne sont pas si simples. Mirabelle et Jem sympathisent très vite et découvrent le plaisir incommensurable d’avoir une amie à qui pouvoir se confier. Car il faut dire que les deux jeunes filles n’ont pas forcément eu une vie facile, chacune à leur manière. En trame de fond, l’auteur aborde également les ravages de la guerre et le thème universel du deuil. C’est assez poignant et c’est fait de manière plutôt intelligente afin d’étoffer l’arc narratif principal.

Ce livre est aussi particulièrement réussi pour sa mise en page : l’association de la plume de Pádraig Kenny avec les illustrations d’Edward Bettison est juste parfaite. Les dessins de ce dernier émaillent le texte à intervalles réguliers, que ce soit au début de chaque partie en pleine double page, ou au gré des chapitres pour des petits croquis plus discrets, mais toujours en phase avec le texte. Cela amène une pause évasion et imagination bienvenue dans sa lecture, histoire de bien visualiser certains éléments de l’histoire.

Le premier tome des Monstres de Rookhaven (qui sera un diptyque), nous propose donc un conte sombre mais jamais lugubre qui explore la question de la tolérance. On a hâte de découvrir le tome 2 !

Les monstres de Rookhaven, de Pádraig Kenny. Traduction de l’anglais (Irlande) par Julie Lafon. Lumen, janvier 2022.

 

Par Coralie.

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