Un œil aux meilleures ventes de livres en ce moment suffit pour se rendre compte d’une tendance nette qui se développe ces derniers temps : la mode est à l’érotisme en littérature. Mais par littérature érotique, il ne faut pas comprendre Sade ou Pauline Réage, il faut plutôt chercher du côté des romances aux scènes de sexe très détaillées. Bien sûr, la littérature sentimentale, souvent décriée, a certes toujours trouvé son public en France, grâce à des éditeurs comme Harlequin. Mais rien n’est vraiment comparable avec le succès de la saga Cinquante nuances de Grey, dont le premier tome, paru en octobre dernier, a battu tous les records. Depuis, d’autres saga sont apparues sur le marché comme Dévoile-moi ou 80 notes de jaunes.
Le succès de Cinquante nuances de Grey
Qui aurait pu prévoir qu’une fanfiction inspirée de la saga Twilight, rédigée par une mère de famille britannique, pouvait enflammer la planète entière ? Le succès de Fifty shades of Grey a surpris tout le monde, l’auteur la première, et a été le phénomène de l’été dernier : les aventures de Christian Grey et d’Ana Steele étaient le must-have sur la plage. Un film est prévu. Lorsque le livre sort en France chez JC Lattès le 17 octobre dernier, la trilogie s’est déjà écoulée à 40 millions d’exemplaires dans le monde. En France, le phénomène prend rapidement : actuellement, le tome 2, paru le 3 janvier dernier, est premier des ventes. Le premier tome suit juste derrière. De quoi parle donc ce fameux best-seller ? Cinquante nuances de Grey, ce sont les amours du jeune et beau milliardaire Christian Grey, maniaque du contrôle et féru de sexe sado-maso et d’Ana Steele, jeune étudiante candide et romantique. Il semblerait que Cinquante nuances de Grey ait ouvert la voie à une littérature plus décomplexée, plus coquine : pour la première fois, une romance « porno-soft » est publiée chez un éditeur de littérature générale, ce qui lui donne une vraie légitimité. Dans la foulée, Dévoile-moi, premier tome de la saga Crossfire, sort en France chez J’ai lu en novembre 2012. Elle est jeune, il est riche et sexy : ils entament une relation tumultueuse. Si le succès de Dévoile-moi n’atteint pas celui de son aîné, il montre tout de même que le phénomène n’est pas isolé et que EL James a bel et bien ouvert la voie. Et le 30 janvier sortira chez Milady (Bragelonne) 80 notes de jaune, de Vina Jackson, que les premiers lecteurs décrivent comme plus « trash » que ses prédécesseurs.
Pourquoi un tel succès et pour quel public ?
On parle beaucoup du terme « mummy porn » pour parler de cette vague de littérature « porno-soft » : on imagine donc une littérature à destination des quadragénaires et quinquagénaires. Mais vu l’ampleur du résultat, ce serait sans doute réducteur. Les blogs montrent que nombre de jeunes femmes se sont laissées prendre par l’histoire de ces bluettes érotiques. Pourtant, le phénomène divise, à la manière d’un autre grand succès populaire, à savoir le succès de Marc Lévy et de Guillaume Musso : ces livres méritent-ils leur succès ? Les achète-t-on pour suivre le mouvement ou par vrai intérêt ? Chacun a ses arguments. Toujours est-il que ce sont généralement des livres dans lesquels on se glisse facilement, qui détendent le lecteur. Pourquoi aller chercher plus loin ? N’est-ce-pas le but premier de tout livre ?
Les lecteurs et les journalistes sont divisés sur l’ampleur du phénomène : si certains y voient une libération de la femme, car ces romans sont centrés sur le plaisir féminin, d’autres y voient au contraire des romans anti-féministes. Et vous, qu’en pensez-vous ?
Cinquante nuances de Grey, EL James, JC Lattès 2012 ; Dévoile-moi, Sylvia Day, J’ai Lu, 2012 ; 80 notes de jaune, Vina Jackson
Par Emily
Je suis surtout contente pour l’auteur de 50 Shades… qui a quand même réussi à vendre un concept plus qu’un bouquin. Après le reste… Ce sont des lectures qui font parties des petits plaisirs inavouables, ce n’est pas bien méchant jusqu’au moment où on se rend compte que ces livres prennent la place sur les rayons et cachent d’autres plus méritants, littérairement parlant.
Ce qui est sûr, c’est que c’est plus difficile pour les détracteurs de dire que ça n’existe pas, maintenant que ces romans sont sur le devant de la scène! Ce qui est fou, c’est qu’il a fallu qu’un fasse un tabac pour qu’il en sorte tout plein – à croire que des centaines de manuscrits croupissaient dans des tiroirs!