Divergent : le nouveau succès YA en salles

Quand il apprend qu’un livre qu’il a vraiment aimé va être adapté au cinéma, le lecteur est bien souvent partagé entre deux réactions : il peut être ravi de voir de nouvelles personnes s’intéresser au roman et avoir hâte de voir le résultat sur grand écran, ou alors il peut partir défaitiste, persuadé que jamais un réalisateur, aussi talentueux soit-il, ne parviendra à rendre l’atmosphère si particulière du roman. En allant voir l’adaptation de Divergent, de l’Américaine Veronica Roth, c’est un peu le cas de figure numéro 2 que nous redoutions. Et après deux heures vingt d’un film très fidèle au roman, c’est avec une pointe de déception que nous quittons la salle.

Dans le monde imaginé par Veronica Roth, les individus sont répartis dans cinq factions, qui déterminent leur futur emploi, leur futur conjoint, leur manière d’être. Serez-vous altruiste, érudit, fraternel, sincère ou audacieux ? Béatrice Prior (Shailene Woodley) est née chez les altruistes : toute sa vie n’est qu’abnégation. Quand vient l’heure du choix, cependant, elle réalise qu’elle n’est pas normale. Ayant des aptitudes pour trois des cinq factions, elle est de fait divergente, ce qu’elle doit dissimuler à tout prix, sous peine de mourir. Après avoir choisi le clan des audacieux, la jeune fille doit se faire à sa nouvelle vie auprès de la faction des soldats…

Ce systèmes de caste amène forcément le spectateur (et le lecteur) à se poser bien des questions : est-ce que mettre ainsi les gens dans des cases peut améliorer la société ? Le personnage de Jeanine (Kate Winslet), érudite en chef, montre que la remise en question du système peut ne pas être la voie royale. Si les factions ne sont pas forcément la meilleure solution, le clan des érudits n’a pas forcément une réponse plus adaptée à proposer. Veronica Roth avait introduit dans sa trilogie des éléments politiques vraiment intéressants, qui sont particulièrement abordés dans le tome 2, puis 3, alors que la ville plonge dans le chaos. Le film explore les prémices de ce basculement, avec un peu moins de subtilité. Tout apparaît très manichéen. Tris Prior contre Jeanine, les érudits contre le reste du monde. Espérons que le deuxième film parviendra à mettre en lumière le rôle tout en nuance des autres leaders (Marcus Eaton en tête).

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Si le choix de Shailene Woodley ne semblait pas forcément le plus évident pour incarner la jeune Tris Prior, on ne peut finalement nier le talent de la jeune demoiselle, qui montre qu’elle arrive à parfaitement incarner toutes les nuances de l’évolution de Tris qui, d’une jeune fille douce et fragile devient un véritable leader. Theo James, autre grand héros du film, incarne avec efficacité Quatre, l’instructeur de Tris. Voix grave, mâchoire carrée : Quatre est tout aussi sexy que son avatar de papier. Il lui manque peut-être une pointe de charisme, et la fragilité qui faisait tout l’attrait du personnage de Veronica Roth, mais on ne peut pas tout avoir…

Divergent, comme tout bon film young adult, explore discrètement quelques thèmes chers à cet âge : la difficulté de se trouver (via le choix de la faction), la recherche de la réussite scolaire (par le biais de l’initiation) et enfin, les premiers émois. Au moins, l’on nous épargne le sempiternel triangle amoureux. S’il apparaît dès leur première rencontre que Quatre sera bien l’intérêt amoureux de Tris, leur relation n’est pas au centre de l’histoire, et heureusement. Veronica Roth avait permis une progression toute en douceur de cette histoire, avec des sentiments grandissants et une tension sexuelle croissante. Le film rend plutôt bien cette dernière, mais fait brutalement passer le couple du stade « premier baiser » aux « Je t’aimes » passionnés. Encore une fois, on ne peut pas tout avoir, sous peine d’avoir un film de quatre ou cinq heures.

Divergent est assurément un divertissement honnête : il campe bien l’histoire et alterne ce qu’il faut de scènes d’action et d’indices sur la résolution finale. On déplore cependant quelques longueurs au milieu du film, sans pour autant savoir où il faudrait couper. Certaines scènes du roman sont d’ailleurs passées à la trappe même si, encore une fois, le film suit de très près le schéma du roman. Divergent est peut-être jugé ici un peu durement : en effet, comment ne pas attendre au tournant l’adaptation d’un livre que l’on a véritablement adoré ? On conclura donc en disant que Divergent était vraiment pas mal…mais que le livre est tout de même bien meilleur.

Par Emily Vaquié

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

1 Commentaire

  1. Ah, c’est drôle, il y a des choses que j’ai préférées dans le film ! Par exemple toutes les explications sur les dangers de la divergence et comment s’en dissimuler, j’ai trouvé ça plus riche que dans le bouquin. Mais je comprends également ton point de vue, car ce sont aussi des points qui m’ont fait tiquer en regardant le film (qui est, sur pas mal d’aspects, plus simple que le roman…quoique bien adapté). J’en suis ressortie avec une bonne impression au final, et j’ai bien apprécié !

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