Le 24 décembre 2012, nous inaugurions Café Powell avec un billet post-apocalyptique. Il est temps de boucler la boucle. Non pas de fermer la porte du Café, mais de parler enfin de la fin de la saga Legend de Marie Lu, qui se clôt sur un tome intitulé : Champion.
Un peu d’histoire. Si vous avez suivi la série, vous savez que les protagonistes, June et Day, vivent dans une République d’Amérique futuriste hyper-militarisée, et qui aimerait bien faire croire à ses citoyens qu’elle est un des états les plus puissants du monde. Or dans le volume précédent, Prodigy, June et Day avaient découvert l’État-marchand des Colonies (l’ennemi héréditaire de la République), bien plus puissant que leur petite République. Cette fois, ils vont découvrir l’Arctique, un État géré à la façon d’un jeu vidéo, dont les citoyens gagnent ou perdent des points suivant les actions qu’ils mènent… et encore plus puissant que les deux précédents, ce qui amène nos protagonistes à revoir leurs jugements et prévisions stratégiques.
On retrouve donc le grand recul que les personnages ont sur leur univers, un point plutôt rare dans les dystopies actuelles. Et ce recul les incite à vouloir améliorer leur nation plutôt que de la renverser. L’univers est un des gros points forts de cette série : on sent que tout a été minutieusement pensé, et que tout s’emboîte à merveille. L’auteur creuse les intérêts de la dystopie en présentant tour à tour des systèmes politiques pensés comme idéaux et s’avérant, en fait, à la fois dangereusement liberticides et confinant à la dictature pure et simple.
L’intrigue, de son côté, est rondement menée. La fin du second tome laissait le lecteur sur sa faim et ce troisième tome va poursuivre la veine précédemment entamée. Les péripéties s’enchaînent à bon train et, si l’on peut déplorer une légère accumulation pas toujours bienvenue, on se laisse facilement happer par le suspens.
L’autre point fort de la série, ce sont ses personnages : matures, décidés, humains, leur paire est intelligemment traitée et leurs relations (houleuses, amicales, ou neutres) sont parfaitement bien mises en valeur. La galerie de personnages secondaires vaut elle aussi le détour, et c’est agréable de ne pas avoir un duo-phare et tout un tas de faire-valoir à côté. Là, on se passionne autant pour les aventures de June et Day que pour celles de Tess, ou pour l’état d’Eden.
La fin est magistrale. Loin de céder à la facilité, Marie Lu propose une fin admirable, grâce à un audacieux rebondissement. Cela vient clore à la perfection l’histoire et, mieux, c’est parfaitement crédible et réaliste. Comme il est agréable de finir une aussi bonne série sur une fin aussi bien pensée ! On ne l’en apprécie que plus, évidemment.
En somme, Marie Lu propose avec les trois tomes de Legend une des meilleures séries de dystopie du marché actuel. La trilogie est de qualité, inventive, originale, et extrêmement bien menée. Il faut passer ce premier tome qui semble coller aux stéréotypes pour découvrir pleinement l’ampleur du talent de Marie Lu. Voilà une série qu’on aimerait recommander à plus de lecteurs, et dont on attend avec impatience la possible adaptation cinématographique !
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