La Chica zombie : alerte zombie en milieu lycéen !

Après Feed, nous continuons notre exploration de l’univers zombie avec le roman de Laura Fernández, La Chica zombie. Nous voici dans un lycée américain, dans les années 90, une période et un lieu qui fleurent bon le film d’horreur de série Z. Erin, seize ans, est une adolescente comme les autres : pas très bonne élève, pas excessivement populaire ou jolie, la jeune fille sert de faire-valoir (officiellement, de meilleure amie) à la bimbo du lycée, Shirley. Un jour, la vie d’Erin bascule : Shirley la met au défi de faire une gâterie à l’un des garçons de leur classe, Reeve, dans les toilettes du lycée. Le lendemain matin, jour où Erin doit mener à bien sa mission, elle se réveille dans un drôle d’état : en état de putréfaction avancée, avec des asticots qui se promènent le long de ses membres, Erin semble morte… serait-elle un zombie ?

La Chica zombie est un roman pour le moins déconcertant : si le récit de Laura Fernández s’avère une lecture intéressante et originale de la difficulté de l’adolescence, il nous perd bien des fois dans la trivialité des relations entre les élèves et dans des scènes parfois absurdes. A lire l’histoire d’Erin, le lecteur ne manquera pas de songer qu’il est bien difficile d’avoir seize ans, et que cette jeunesse et cette fraîcheur n’ont finalement rien d’enviable. L’univers de la jeune fille se résume à sa meilleure amie, superficielle et égoïste, bien qu’au fond vulnérable. La médiocrité semble être la norme sociale en vigueur. La culture et l’ambition sont montrées du doigts : en témoigne la vie quotidienne de Fanny, une camarade de classe d’Erin bien décidée à devenir paléontologue, et qui est régulièrement mise au ban de la société scolaire, surnommée impitoyablement « poster de dinosaure » par ses camarades. Au contraire, le roi de la cour de récréation, Leroy, sait à peine lire, et préfère se servir de ses poings que de son esprit. En somme, nos élèves semblent passer plus de temps à fumer dans la cour et à se croiser dans les toilettes (quand ils ne s’y livrent pas à divers actes sexuels) que dans leurs salles de classe, où il est de toute manière de bon ton de s’ennuyer. Les rumeurs rythment la vie des lycéens : qui a couché avec qui, qui veut sortir avec qui ? Ce petit jeu devient assez rapidement lassant, c’est Hélène avec les garçons avec un soupçon de SF, ou Glee à la sauce horrifique : il est pourtant assez réaliste, bien qu’un peu caricatural. C’est dans ce monde étouffant qu’évolue Erin, qui se réveille un jour morte. Mais la vie continue, et il faut aller au lycée… Et pour éviter l’opprobre, il lui faut dissimuler son état à grand renfort de pansements pour cacher ses plaies purulentes. Show must go on!

La Chica zombie

Du côté des adultes, ce n’est guère plus brillant, entre la prof remplaçante névrosée (qui n’est pas sans rappeler Emma Pillsbury, la conseillère d’orientation bourrée de tocs de Glee), le proviseur obèse et vaguement désespéré qui n’a pas eu de copine depuis ses propres années lycée, la mère aveugle qui ne se rend pas compte que sa fille va mal, le psychologue obsédé qui couche avec ses patientes fragiles… A l’histoire d’Erin fait écho celle de Velma, prof de son état, ancienne lycéenne martyrisée et moquée, qui cherche désespérément à se marier, au point de faire une cour assidue au proviseur, qui n’a pourtant rien d’un prince charmant.

Au fil du livre, on finit par se demander comment va se terminer l’histoire d’Erin, et si elle s’est bien transformée en zombie. On suit même l’évolution de sa relation avec « ce putain de psychopathe de Billy Servant », l’outsider du lycée. Le suspense n’est pas foudroyant, mais Laura Fernández maintient notre intérêt jusqu’à la fin. Pourtant, le style, très oral et volontiers vulgaire, dessert l’intrigue. Combien de fois lit-on le mot « merde » en italique dans ce roman ? On en perd le compte. La récurrence des « connard », « putain de… », et enfin, l’expression « mon vieux, ma vieille » so nineties devient également lassante. C’est dommage, car cette volonté de rendre le langage adolescent des années 90 tombe plutôt à plat, et agace même le lecteur. On saluera tout de même la tentative. Phrase qui pourrait en réalité résumer l’intégralité du roman. Car La Chica zombie avait finalement beaucoup de potentiel : Erin était terne et ennuyeuse, mais Velma avait juste ce qu’il faut de folie et de vulnérabilité pour séduire…

La Chica zombie, Laura Fernández. Denoël, 2014. Traduit de l’espagnol par Isabelle Gugnon.

Par Emily Vaquié

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

1 Commentaire

  1. Ouaiiis… Bon bah finalement je me dis que ce n’est pas une si mauvaise chose que je ne l’ai pas pris pour me concentrer sur d’autres lectures, le style vulgaire ça a vraiment tendance à m’énerver.

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