La Mort est une femme comme les autres… exténuée !

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Après plusieurs succès en fantasy jeunesse (Le Livre de Saskia, La Fille-Sortilège…), Marie Pavlenko s’essaie à la littérature adulte, avec un conte moderne sur… la Mort. Ambiance déjantée garantie !

Emm, la Grande Faucheuse, est fatiguée. Franchement. Tellement fatiguée que s’allonger dans ce canapé, chez ce jeune macchabée, semble être une excellente idée. En fait, Emm en a ras la faux de moissonner des âmes, d’autant que depuis des millénaires, elle abat sa besogne comme un galérien acharné. C’est le burn-out. La Faux est paniquée. Qu’est-ce que c’est que ça ?! A-t-on déjà vu la Mort faire grève ? Impossible de laisser passer ça. Sorte de conscience étendue d’Emm, la Faux se décide à tout faire pour que sa maîtresse reprenne du poil de la bête, quitte à lui faire consulter un psychologue.
Pendant ce temps-là, dans le monde réel, c’est la panique. Particulièrement au sein du service de soins palliatifs du Docteur Anatole Paladru. Imaginez un peu, un service de soins palliatifs où les mourants …. ne meurent pas ! Mais souffrent tout de même. Peu à peu, le monde sombre dans la paranoïa généralisée. Mais, pas de panique ! Emm se prend en main et tente diverses expériences afin, d’une part, de comprendre ces humains qui lui tapent grandement sur le système et, d’autre part, de pouvoir reprendre le boulot. L’ennui, c’est que malgré ses millénaires sur Terre, Emm n’a aucune idée de ce qu’est une vie d’humain – hormis question vulgarités, un art dans lequel elle excelle ! C’est au moment où elle découvre le principe des transactions financières qu’Emm rencontre Suzie, une jeune humaine gravement malade. La première à faire preuve de gentillesse avec elle. Voilà qui mérite de s’y intéresser de plus près !

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Pas à pas, on suit donc le cheminement d’Emm, de son état de larve sur le canapé à ses pérégrinations sur les pas de Suzie, en passant par sa – piètre – tentative psychiatrique. Au contact des humains, Emm fait nombre de découvertes stupéfiantes (les sentiments humains, l’humour ou le fromage) et… s’humanise un peu, finalement, ce qui n’est pas plus mal.
Le roman repose sur des personnages très forts, notamment sur le trio de tête. Au côté d’Emm (et de son inénarrable Faux avec qui elle tient des dialogues hallucinants !), on trouve Suzie, dont l’espérance de vie s’est brutalement réduite à quelques jours et Anatole, médecin qui déplore que les espérances de vie de ses patients mourants ait été, elle, diaboliquement allongée. Chacun a donc ses préoccupations : si Suzie doit faire avec l’injustice de mourir d’un cancer si jeune, Anatole lutte non seulement avec ce mystère médical, mais aussi avec sa mère omniprésente – et omnichiante – difficile à concilier avec son envie de trouver une moitié – sans subir l’intromission maternelle.
Là-dessus, l’ambiance vire de plus en plus apocalyptique, puisque le monde entier est terrifié par cette incapacité à mourir – et ce qu’elle implique : surpopulation, famine, dette d’oxygène, chaos politique.

Assez court, le roman évoque une véritable tragédie humaine, traitée sur le mode du vaudeville. Emm est loin d’avoir sa langue dans sa poche : les réparties fusent, les quiproquos sont légion et la narration est au diapason. Résultat ? Un roman décalé, drôle et léger, truffé d’humour noir, tendance macabre. Un mélange explosif et très réussi. D’autant que Marie Pavlenko épingle gentiment notre société entre les lignes. De la nature humaine (aucune amélioration à signaler) à la société, en passant par les rapports familiaux, tout y passe et personne n’est épargné.

Alors ? Transition réussie pour Marie Pavlenko ! La Mort est une femme comme les autres est un court roman prenant, dont le fantastique léger permet de mieux cerner les travers de notre société. Entre ses personnages caustiques, ses situations ubuesques et son très enrichissant périple humain, La Mort est une femme comme les autres est un conte moderne férocement drôle !

La Mort est une femme comme les autres, Marie Pavlenko. Pygmalion, 7 octobre 2015. 

 

A propos Oihana 711 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

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