BIOPIC — On prend les mêmes et on recommence ! Fort du succès d’Happiness Therapy, David O. Russell a réuni le casting qui avait si bien fonctionné pour celui-ci : Jennifer Lawrence, Robert de Niro et Bradley Cooper sont donc de la partie, pour Joy, biopic centré autour de la success story de Joy Mangano, l’inventrice entre autres de la serpillière magique.
L’histoire de Joy est de celles qu’aime l’Amérique, qui glorifie les self made men (et women !). Et qui correspond plus à cette image que Joy, une mère de famille dépassée ? La jeune femme vit dans un foyer pour le moins dysfonctionnel : sa mère ne vit plus que pour ses feuilletons à l’eau de rose, son ex-mari vit au sous-sol en espérant gagner sa vie comme chanteur, et son père vient d’être fichu à la porte à nouveau par sa dernière conquête, et se réinstalle donc dans la maison familiale. De plus, Joy a deux enfants en bas âge dont il faut bien s’occuper…
Le cerveau de Joy a toujours été fertile : mais à la suite du divorce de ses parents, la jeune femme a interrompu ses études pour s’occuper de sa mère, et de la comptabilité de l’affaire familiale, un garage. Afin de surmonter le quotidien, Joy a mis de côté tous ses rêves, et ses projets d’invention. Car Joy invente ! Son cerveau fourmille d’idées en tout genre ! Au lycée, elle a même inventé un collier pour chien… Il suffit d’un rien pour stimuler son esprit : quelques verres cassés, du vin sur le sol suffisent pour qu’elle imagine une serpillière qui s’essore toute seule. Elle décide de passer à l’action, de trouver un investisseur et de se lancer dans les affaires. Mais le chemin vers le succès est semé d’embûches… et Joy ne sera pas épargnée, ni par la difficile loi du monde des affaires, ni par l’incrédulité, la cupidité voire même l’hostilité de sa famille.
Campée admirablement par une Jennifer Lawrence qui se révèle brillante sortie de Hunger Games, Joy est une femme touchante dans sa volonté de réussite : rejetant la vie de labeur médiocre et difficile que lui promet son statut de mère courage qui entretient toute la famille, elle ose rêver et se lancer, malgré les risques que cela comporte. Et ces risques sont nombreux : Joy pourrait bien tout perdre. Si la nouvelle compagne de son père, pourvue d’une fortune conséquente consent à investir dans son projet, elle sait se montrer impitoyable, poussant Joy dans ses retranchements, la persuadant d’hypothéquer sa maison… mettant ainsi en péril toute sa famille. Cette incarnation de la banque sous traits humains est une jolie réussite. A ses côtés, le père de Joy, joué par Robert de Niro, est doucement distant, aimant et soutenant sa fille avec maladresse, pensant toujours en premier lieu à lui-même. Entre ce père finalement peu fiable, et sa mère aux abonnés absents, Joy est bien souvent très seule. La seule figure véritablement bienveillante de son entourage est sa grand-mère Mimi, qui saura lui donner la force de continuer.
Il est vrai, Jennifer Lawrence montre dans ce film toute l’étendue de son jeu : à la fois forte et fragile, elle se révèle touchante, et porte le film avec brio. Fort heureusement, David O. Russell a su éviter l’écueil d’une romance entre la jeune femme et le personnage de mentor incarné par Bradley Cooper. Il a préféré privilégier une relation très tendre, d’amitié solide entre Joy et son ex-mari.
On sent que Joy a été construit dans l’optique des Oscars. Jennifer Lawrence réitérera-t-elle l’exploit de 2013, année où elle avait triomphalement décroché la précieuse statuette ? Peut-être bien.
Merci pour cette belle chronique ! Je pensais aller voir ce film et cet article me donne plus que jamais envie ! Belle journée 🙂
Je ne sais pas si j’irais voir Joy au ciné. Mais j’ai envie de retrouver le duo Jennifer Lawrence/Bradley Cooper. Je pense que ça se fera de mon canapé d’ici quelques mois.
Une très jolie critique, ça me donne envie de le voir. Je vais essayer d’y aller cette semaine. La route vers les oscars ?