CINÉMA — Récompensé du prix Jean Vigo pour La République en 2010, Nicolas Pariser en est à son troisième film réalisé avec Le Grand Jeu, sorti en décembre : au casting, entre autres, André Dussollier, Clémence Poésy et Melvil Poupaud.
C’est l’histoire de Pierre Blum (Melvil Poupaud), écrivain de quarante ans ayant connu son heure de gloire au début des années 2000 avec un premier roman, suivi de nombreux essais infructueux, et pataugeant désormais entre syndrome de la page blanche et celui des petites galères inhérentes aux créateurs. Un soir, à la terrasse d’un casino, un homme assez mystérieux, Joseph Paskin (André Dussollier), l’aborde. Influent dans le monde politique, très charismatique, un tantinet manipulateur, Joseph passe assez vite à Pierre une commande un brin étrange : écrire un brûlot politique. La mission le replonge dans un passé qu’il aurait préféré oublier, à l’époque où il partageait le quotidien militant de son ex-épouse. Or, le travail de Pierre a deux conséquences inattendues : sa vie, si calmement plate, est désormais en danger et, en cavale, il s’éprend de Laura, jeune militant d’extrême-gauche. Or, dans un monde où politique, double-fonds et faux semblants sont légion, à qui peut-il vraiment se fier ?
Eh bien, à part à lui-même, pas à grand-monde, d’autant que notre écrivain n’est pas le dernier question manipulations et petites cachotteries. Le film démarre, pour ainsi dire, en fanfare, avec un suspens latent bien retranscrit. André Dussollier, en homme qui a l’habitude de louvoyer dans les sphères les plus sombres des coulisses du pouvoir s’oppose à un Melvil Poupaud que l’on sent plus fragile, moins aguerri.
Malheureusement, dès l’instant où l’on quitte l’univers parisien de galeries d’art, restaurants de luxe et chambres de bonnes miteuses, le film perd de son allant.
Le rythme souffre de quelques longueurs et dialogues fort peu clairs. Après tout, tout le monde ment et se ment, il fallait s’y attendre. Mais tout cela peine à convaincre.
Ce qui est d’autant plus dommage quand on voit le jeu des acteurs et le propos sous-jacent : les premiers tous semblent exceller dans l’exercice, le second ne manque franchement pas d’intérêt. A voir, donc, pour le thriller politique plutôt bien mené, et les belles performances de jeu, malgré un ensemble plutôt poussif.
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