ROMAN D’HORREUR — Dans le domaine de l’horreur et du fantastique, la réputation de Clive Barker n’est plus à faire : il a su s’illustrer, roman après roman et si vous doutiez encore, Stephen King et Quentin Tarantino, deux sommités dans leur genre, en chantent les louanges. Tout nous poussait donc à découvrir Secret Show, dont Bragelonne vient de publier la traduction. Nous avions hâte de découvrir ce que l’auteur d’Abarat et Livres de sang avait dans le ventre !
À la base de l’intrigue de Secret Show, il y a un type quelconque, semblable à des milliers d’autres. Ni particulièrement beau, ni véritablement intelligent, c’est un homme de bientôt quarante ans, qui tutoie une calvitie précoce, et se révèle incapable de garder un emploi plus de quelques mois. Cet homme s’appelle Randolph Jaffe, et il vient d’être employé par un bureau de poste à Omaha, Nebraska, où on lui confie la tâche ingrate de traiter les très nombreuses lettres dont on n’a jamais réussi à trouver le destinataire. Pour tromper son ennui, Jaffe commence à lire les missives qu’il doit trier : bientôt, il commence à y décerner un schéma récurrent, la preuve de l’existence de quelque chose d’énorme, qui nous dépasse tous… la source d’un pouvoir immense.
Quelques mois après, en Californie, quatre adolescentes décident d’aller se baigner par une chaude journée d’été. Cet événement en apparence anodin va bouleverser la vie de toute une bourgade.
Le récit de Clive Barker nous embarque dès les premières lignes : il y a une efficacité narrative indéniable dans son style énergique, ce qui lui permet d’éveiller notre intérêt. S’il nous perd parfois (les affrontements du début accusent de manière étonnante une petite baisse de régime pour le lecteur), c’est pour mieux nous reconquérir la page d’après. Il parvient à saisir une atmosphère en quelques mots bien sentis : cette scène de la mare, que nous évoquons plus haut, est de celle que l’on dévore comme coupé du monde, désirant plus que tout savoir ce qui va se passer… et ce qui se dissimule dans les eaux troubles de cette maudite mare. Un indice cependant : vous n’avez vraiment pas envie de le découvrir par vous-même.
Il y a un petit côté Stephen King chez Clive Barker, et le commentaire n’a rien d’anodin. Comme Stephen King, Clive Barker arrive à faire d’une innocente bourgade le théâtre d’événements effrayants, jouant avec le fait d’avoir pour terrain de jeu une communauté restreinte. Palomo Grove, son dinner, ses beaux quartiers, ses pavillons… Serait-ce une version californienne du Derry cher au King ? D’une certaine manière…
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