Satiriques et rocambolesques, Les sœurs Carmines, pour vous servir !

Les Sœurs Carmines, Le Complot des Corbeaux, Ariel Holz, Mnémos

URBAN FANTASY — Le ciel est gris, chargé, lourd ; l’atmosphère est sombre, tendue : bienvenue à Grisaille, une ville sinistre, dont la réputation est à la hauteur (ou plutôt à la profondeur) de son nom et où chacun peut trucider son voisin à tour de bras. Ariel Holzl, sur fond de conjuration, nous fait côtoyer les créatures les plus mal famées de son univers à la Tim Burton : vampires, assassins et autres chimères s’acoquinent avec l’aristocratie locale pour un peu de pouvoir. Ici, chacun lutte pour sa survie et les sœurs Carmines ne vont pas faire figure d’exception.

Trois sœurs, trois personnages, trois caractères que tout oppose (et une saga en trois tomes donc) ! Tristabelle, l’aînée, ne vit que pour briller en société : un brin pimbêche et narcissique, elle possède un sens de la répartie inégalé. Merry, au cœur du Complot des corbeaux est une monte-en-l’air (comprenez une voleuse professionnelle). Elle essaie de subvenir aux besoins de ses sœurs en remplissant ses contrats : malheureusement pour elle, cette jeune fille taciturne est également malchanceuse et tout tend à toujours tourner au vinaigre avec elle. Et enfin, il y a l’adorable Dolorine (et son cynique Mr Nyx, sa fidèle poupée), qui sous ses airs d’enfant plutôt lunaire – et totalement naïve – a plus d’un tour dans son sac.

Les Sœurs Carmines, Le Complot des Corbeaux, Ariel Holz, Mnémos

Le roman s’ouvre dans un cimetière, baigné d’une atmosphère à la fois steampunk et victorienne, où Merry est censée dérober un mystérieux coffret caché dans une sépulture. À partir de là, malchanceuse comme elle est, tout va aller de mal en pis pour les trois sœurs. Et tout ça pour un butin totalement dépitant puisque le coffret ne renfermait qu’une malheureuse petite cuillère en argent …

C’est bien simple, dans ce roman, tout vaut le coup. Les personnages sont fouillés, drôles, réalistes, et délicieusement imparfaits (et donc très humains). Mention spéciale à Mr Nyx, la poupée à tendance psychopathe de Dolorine, complètement sans filtre et sans gêne, dont les remarques acerbes sont distillées tout au long du roman, dans les chapitres consacrés au journal (pas si) intime de sa propriétaire.

L’atmosphère est ensorcelante : la ville est un personnage à part entière et l’auteur a mis un soin particulier dans ses descriptions. L’ensemble est cohérent avec ses ruelles tortueuses, ses toits glissants et les regards en coin de ses habitants. Bref, des personnages et un environnement au service d’une intrigue bien ficelée et rythmée, où  les rebondissements s’enchaînent : guerre des gangs chez les voleurs, complots politiques, et autres luttes intestines s’entremêlent pour ne laisser aucun répit aux personnages – et pas plus au lecteur. On a qu’une envie, c’est de dévorer le tome deux, consacré à Tristabelle, et qui est d’ores et déjà disponible !

Ne vous y trompez pas, derrière son aspect jeunesse, ce roman cache bien son jeu : Ariel Holzl y manie le sarcasme, le cynisme et l’humour noir à la perfection ! Il en résulte un roman drôle et piquant où l’on peut appréhender le sordide et le morbide avec le sourire, et ça fait plutôt du bien !

Les Sœurs Carmines, tome 1, Le Complot des Corbeaux. Ariel Holz. Mnémos (Naos), février 2017.

Par Coralie

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